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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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Il relève lui-même sept occurrences <strong>de</strong> ce motif dans la littérature directement liée à la<br />

tradition percevalienne : outre le Conte du graal, le Parzival, le Peredur et le Perlesvaus, il<br />

signale également un épiso<strong>de</strong> du Tristan en prose, un autre <strong>de</strong> la Tavola ritonda italienne<br />

(dont le protagoniste n’est pas <strong>Perceval</strong>, mais Tristan), puis il mentionne enfin Un Roi sans<br />

divertissement <strong>de</strong> Jean Giono.<br />

Dans la suite <strong>de</strong> cet article, Gallais insiste sur le fait que ce motif du sang sur la neige est<br />

presque toujours initial dans les contes populaires :<br />

C’est toujours au début du récit qu’il fait apparaître un manque, que le Sujet<br />

s’attachera à combler. Ce manque est celui d’un Objet à aimer. – Dans la majorité<br />

<strong>de</strong>s cas (vingt quatre exemples sur les trente quatre <strong>de</strong> Cosquin), cet Objet est une<br />

belle jeune fille. 576<br />

Dans cinq autres cas, la situation est inversée et l’Objet en question est un beau jeune<br />

homme ; quant aux cinq <strong>de</strong>rnières occurrences, il s’agit d’un enfant qu’une jeune femme<br />

n’arrive pas à avoir. Presque toujours, le Sujet provoque une blessure qui donne lieu à la<br />

superposition <strong>de</strong> couleurs lui faisant souhaiter <strong>de</strong> trouver une jeune fille/un jeune<br />

homme/d’avoir un enfant dont le visage se caractérise par ces couleurs. Dans la quasi-totalité<br />

<strong>de</strong>s cas, le Sujet est un prince ou une princesse et l’enjeu est <strong>de</strong> donner un héritier au<br />

royaume.<br />

S’appuyant sur Bettelheim, Gallais précise que pour lui « il n’y a aucun doute que le<br />

symbolisme du spectacle lui-même soit d’ordre sexuel » 577 , et il interprète ainsi la scène, telle<br />

qu’elle apparaît dans le Conte du graal :<br />

Au fond, ce que décrit Chrétien dans cette page, ce n’est pas une extase, ni une<br />

hallucination, ni même une rêverie : c’est un rêve, un « rêve éveillé », qui fait<br />

apparaître le refoulé, l’oublié, sous une forme différente. 578<br />

Même si cette scène n’est pas suffisamment ancrée dans ce que l’on peut interpréter comme le<br />

noyau du mythe pour être qualifiée <strong>de</strong> mythème, on voit pourtant qu’elle rejoint un archétype<br />

qui dépasse largement la fantaisie individuelle d’un auteur. J’ai, en outre, déjà signalé qu’elle<br />

apparaissait comme une sorte <strong>de</strong> con<strong>de</strong>nsation d’un réseau symbolique <strong>de</strong> couleurs qui<br />

parcourt l’ensemble du texte <strong>de</strong> Chrétien (cf. p. 167). On peut préciser, à cet égard, que la<br />

superposition du rouge au blanc est associée, au fil <strong>de</strong>s pages, à <strong>de</strong>ux images assez<br />

différentes : d’une part, le visage <strong>de</strong> Blanchefleur, ce qui est conforme au motif folklorique et<br />

576 Ibid., p. 38.<br />

577 Ibid., p. 39.<br />

578 Ibid., p. 42.<br />

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