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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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Rousset, pourtant, lui attribue une autre fonction, s’appuyant sur Jakobson : « seule<br />

l’existence d’éléments invariants permet <strong>de</strong> reconnaître les variations ». <strong>En</strong> effet, « comment<br />

faire l’histoire <strong>de</strong> ce qu’on n’a pas encore décrit et décomposé en ses unités simples et<br />

stables ? » 82 .<br />

A mon sens, c’est surtout en cela que la démarche structuraliste est très utile à <strong>de</strong>s réflexions<br />

sur les mythes littéraires. <strong>En</strong> dégageant la structure simple et con<strong>de</strong>nsée qui est au cœur d’un<br />

mythe, elle permet <strong>de</strong> prendre une meilleure mesure <strong>de</strong> ce que les auteurs successifs apportent<br />

à ce mythe, que ce soit par une cristallisation autour <strong>de</strong> certains enjeux ou par une propension<br />

à recouvrir ceux-ci <strong>de</strong> bro<strong>de</strong>ries accessoires, qui peuvent parfois les déguiser suffisamment<br />

pour que seul ce regard structural permette <strong>de</strong> les i<strong>de</strong>ntifier.<br />

Rousset prend bien la peine <strong>de</strong> préciser, par ailleurs, que s’il « établi[t] les termes d’une<br />

structure, ce n’est pas pour exclure la diachronie ». Au contraire, il est important que<br />

« l’exploration diachronique » fasse « vivre et respirer le système préalablement reconnu et<br />

défini dans sa fixité » 83 . On retrouve le « dédoublement » <strong>de</strong> Trousson, et l’idée <strong>de</strong> la<br />

nécessaire superposition d’une réflexion thématique et d’une mise en perspective<br />

chronologique.<br />

<strong>En</strong> faisant explicitement <strong>de</strong> la démarche structurale une première étape <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong><br />

son objet, Rousset cherche à échapper à la plus importante difficulté liée à l’analyse<br />

structurale <strong>de</strong>s mythes, qui est précisément sa propension à la synchronisation. Gilbert Durand<br />

note cela très clairement lorsqu’il dit, à propos du mythe :<br />

Lorsqu’on essaie <strong>de</strong> le fixer, c’est un peu comme en physique quantique quand on<br />

essaie <strong>de</strong> fixer la particule microphysique, on perd son contenu dynamique ; c’est ce<br />

qui arrive aux structuralistes la plupart du temps ! Ils fixent une forme vi<strong>de</strong> qui<br />

s’applique finalement à tout et qui n’a plus <strong>de</strong> sens. 84<br />

Mais face à ce danger <strong>de</strong> la sclérose, Durand en évoque un autre :<br />

Si on essaie <strong>de</strong> trop faire porter l’accent sur les contenus, on bloque à ce moment-là<br />

l’aspect sempiternel du mythe, l’aspect <strong>de</strong> la pérennité et on éparpille le mythe dans<br />

82 Ibid., p. 11.<br />

83 I<strong>de</strong>m<br />

84 GILBERT DURAND, "Pérennité, dérivations et usure du mythe", dans Problèmes du mythe et <strong>de</strong> son<br />

interprétation. Actes du colloque <strong>de</strong> Chantilly <strong>de</strong>s 24-25 avril 1976, éd. Jean Hani, <strong>Paris</strong>: Les Belles Lettres,<br />

1978, p. 31.<br />

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