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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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latins, les bâtards <strong>de</strong> France » qui ont réussi à faire « <strong>de</strong> cette terre par excellence <strong>de</strong>s Celtes,<br />

"les Gaules" » 455 .<br />

• Parsifal et la drui<strong>de</strong>sse<br />

Mais avant d’en venir à Framboise Paré, je voudrais profiter <strong>de</strong> cette réflexion sur<br />

l’association <strong>de</strong> <strong>Perceval</strong> à une tradition celtique pour évoquer un point d’histoire <strong>de</strong> l’art, qui<br />

nous ramène un peu en arrière dans le temps, mais entre parfaitement dans cette<br />

problématique.<br />

Le 11 octobre 1891, Huysmans reçoit <strong>de</strong> Redon un « joli rouleau » contenant trois<br />

lithographies parmi lesquelles un Parsifal et une Drui<strong>de</strong>sse que Huysmans décrit comme<br />

« l’une si étrangement douce et dolente avec sa flèche, l’autre si terriblement bestiale avec son<br />

profil fruste, son œil verni » 456 .<br />

<strong>En</strong> 1976, <strong>de</strong>ux chercheuses <strong>de</strong> l’Art Institute <strong>de</strong> Chicago font une découverte surprenante, qui<br />

donne à ce « diptyque » (qui pouvait paraître fortuit) un éclairage tout différent : elles<br />

découvrent une première version <strong>de</strong> Parsifal, qui ne figure pas dans le catalogue <strong>de</strong> l’œuvre<br />

<strong>de</strong> Redon, et qui ressemble beaucoup à la version « officielle ». Mais surtout, elles démontrent<br />

que ce Parsifal a été gravé sur la même pierre que Drui<strong>de</strong>sse, et qu’il suffit <strong>de</strong> retourner l’un<br />

pour voir à l’évi<strong>de</strong>nce apparaître un souvenir <strong>de</strong> l’autre. Reprenant ce dossier dans un récent<br />

article, Dario Gamboni, après avoir mis en évi<strong>de</strong>nce plusieurs éléments qui, dans l’imaginaire<br />

<strong>de</strong> l’époque, cautionnent un rapprochement symbolique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux figures que sont Parsifal et<br />

la drui<strong>de</strong>sse, s’interroge sur le sens <strong>de</strong> cette superposition. Une observation attentive le porte à<br />

faire l’hypothèse que la forme première du tableau ne serait pas Parsifal I, mais une<br />

Drui<strong>de</strong>sse I dont aucune trace n’est restée, qui aurait ensuite été retravaillée pour donner lieu<br />

à Parsifal I ramené ensuite à la Drui<strong>de</strong>sse que nous connaissons, tandis que Redon gravait sur<br />

une autre pierre un Parsifal II qui conserve la physionomie globale du premier, mais avec<br />

quelque chose <strong>de</strong> plus doux, <strong>de</strong> plus féminin dans les traits.<br />

455 FRAMBOISE PARE, Le Nouveau Sein-Graal, ou Les Nuits savoureuses <strong>de</strong> <strong>Perceval</strong>-le-François et <strong>de</strong>s<br />

Quarante Vierges du Tour <strong>de</strong> France olympique et <strong>de</strong> la Féérie retrouvée, Annemasse: Bibliothèque <strong>de</strong> la zone<br />

franche, 1934, p. n.n.<br />

456 Lettres <strong>de</strong> Gauguin, Gi<strong>de</strong>, Huysmans, Jammes, Mallarmé, Verhaeren... à Odilon Redon, éd. Roseline Bacou,<br />

<strong>Paris</strong>: José Corti, 1960, p. 125.<br />

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