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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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Rightly did’st thou refuse the Grail. 'Twas but to prove thy worth<br />

I tempted thee therewith. Nobly hast thou endured<br />

Thy trial, firm in wisdom, by the glittering bait not lured.<br />

Unwholesome for mankind and perilous now are proved<br />

Religious and aesthetic Grails alike. 554<br />

La parodie parvient ici à agencer <strong>de</strong> façon cohérente les mythèmes du simple et <strong>de</strong> la <strong>quête</strong>,<br />

tout en conservant un ton apparemment ludique. Pourtant, <strong>de</strong>rrière cette faça<strong>de</strong> humoristique,<br />

il faut remarquer que le personnage <strong>de</strong> Percival, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> sa simplicité, incarne également<br />

une forme <strong>de</strong> résistance à l’attraction du mysticisme. <strong>En</strong> ce sens, il rejoint la lecture que<br />

Trevelyan donnait du graal dans The Birth of Parsival (1905). Dans cette pièce, le père <strong>de</strong><br />

Parsival, Frimutel, est présenté comme une figure prométhéenne <strong>de</strong> rupture, rejetant<br />

vigoureusement l’« ignoble superstition » attachée au graal, dont il est pourtant le dépositaire.<br />

La parodie n’est donc ici qu’une surface, et la figure du simple est bel et bien réinterprétée<br />

dans le sens où la simplicité est lue comme un bouclier contre les circonvolutions perverses <strong>de</strong><br />

la superstition et du mysticisme.<br />

<strong>En</strong> ce sens, le simple parodique <strong>de</strong> Trevelyan se révèle comme le symétrique inverse <strong>de</strong> reine<br />

Tor wagnérien : tandis que la simplicité <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier le plonge au cœur du mystère, celle <strong>de</strong><br />

notre jeune aviateur anglais, au contraire, l’en préserve. Dans un cas comme dans l’autre, le<br />

mon<strong>de</strong> du graal attend la venue <strong>de</strong> ce simple, et les annonces répétées <strong>de</strong> celui qui viendra,<br />

durch Mitleid wissend, dans l’opéra <strong>de</strong> Wagner, trouve un écho direct dans les paroles du<br />

chœur, à l’arrivée tonitruante <strong>de</strong> Percival Smith : « What if this be the <strong>de</strong>stined Philistine ? »<br />

<strong>En</strong> effet, la combinaison <strong>de</strong> la <strong>quête</strong> avec la figure du simple telle que la <strong>de</strong>ssine Wagner –<br />

celle d’un être dont la simplicité est une force et non une faiblesse temporaire – produit<br />

spontanément l’idée d’une pré<strong>de</strong>stination, d’une élection. Dans tout un pan <strong>de</strong> la littérature du<br />

graal, <strong>Perceval</strong> (ou Galaad) est celui que l’on attend, qui est appelé à réussir l’épreuve où<br />

d’autres ont échoué. Cette marque d’élection, intimement liée à un sens religieux dans la<br />

plupart <strong>de</strong>s romans du XIIIème siècle, prendra une coloration plus résolument mystique dans<br />

certains textes post-wagnériens, mais se retrouvera aussi sous une forme à la fois sécularisée<br />

et plus troublante dans l’œuvre <strong>de</strong> Julien Gracq.<br />

554 Ibid., p. 170.<br />

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