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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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trois un certain nombre d’éléments empruntés à l’œuvre <strong>de</strong> Wagner pour les intégrer dans un<br />

récit autre. Il est peut-être symptomatique que les trois mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> rapport engagés par ces<br />

textes vis-à-vis <strong>de</strong> leur modèle wagnérien correspon<strong>de</strong>nt chacun à un genre particulier : parmi<br />

les exemples convoqués, la poésie est du côté <strong>de</strong> l’illustration ou <strong>de</strong> la juxtaposition <strong>de</strong> motifs,<br />

sans recherche d’une affabulation nouvelle ; le roman s’attache à l’effet <strong>de</strong> la « révélation<br />

parsifalienne » dans le mon<strong>de</strong> ; les ouvrages dramatiques, enfin, s’approprient <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong><br />

lexique (thématique ou symbolique) pour parler d’une autre matière. Mais dans tous les cas,<br />

c’est toujours le drame <strong>de</strong> Wagner qui est l’hypotexte pertinent, et aucun <strong>de</strong>s auteurs que nous<br />

venons <strong>de</strong> passer en revue ne s’attache à réécrire le mythe <strong>de</strong> <strong>Perceval</strong> pour lui-même.<br />

8. La « continuation » <strong>de</strong> Péladan<br />

Il faut toutefois signaler un autre texte <strong>de</strong> Péladan, qui se place, cette fois-ci, sur le même<br />

terrain que son hypotexte wagnérien : il ne s’agit plus <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> Parsifal ni d’une autre<br />

matière qui s’y apparente, mais <strong>de</strong> raconter un épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> Parsifal qui n’apparaît<br />

pas chez Wagner. <strong>En</strong> l’occurrence, et bien que l’opéra <strong>de</strong> Wagner possè<strong>de</strong> une forte<br />

dimension conclusive, Péladan agit comme les continuateurs médiévaux <strong>de</strong> Chrétien : il<br />

ajoute une suite à l’histoire que raconte Wagner. Couronnant le succès <strong>de</strong> Parsifal à<br />

Montsalvat, les formules conclusives du chœur (« miracle <strong>de</strong> grâce suprême : ré<strong>de</strong>mption au<br />

ré<strong>de</strong>mpteur ») semblaient peut-être décisives. Mais Péladan s’avise tout <strong>de</strong> même d’une<br />

ombre au tableau : si Amfortas est délivré <strong>de</strong> sa blessure, si Kundry peut enfin accé<strong>de</strong>r à la<br />

mort, qu’en est-il, en revanche, <strong>de</strong> Klingsor ?<br />

Péladan situe l’action <strong>de</strong> « La Pâque <strong>de</strong> Parsifal » cinquante ans après l’accession <strong>de</strong> Parsifal à<br />

la royauté du graal. Au crépuscule du Vendredi saint, le vieux roi fait seller son cheval. A la<br />

question d’un écuyer, il répond qu’il va « là où il doit aller ». Il chevauche toute la nuit et<br />

parvient finalement chez Klingsor à qui il parle ainsi :<br />

« Tu es l’ombre <strong>de</strong> ma belle vie, Klingsor : je n’ai jamais pu t’oublier : chaque année,<br />

au jour béni où Jésus répandit son sang pour effacer le péché du mon<strong>de</strong>, je pense à<br />

toi : tu m’obsè<strong>de</strong>s comme un remords. » 432<br />

Klingsor expose à Parsifal toute sa rancœur et reproche aux gardiens du graal leur<br />

intransigeance :<br />

432 JOSEPHIN PELADAN, La Pâque <strong>de</strong> Parsifal, dans Oeuvres choisies, <strong>Paris</strong>: Les Formes du secret, 1979, p. 126.<br />

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