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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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Nous tenons donc là trois critères définitoires qui éclaircissent considérablement le débat : le<br />

mythe littéraire serait caractérisé par la saturation et la surdétermination symbolique <strong>de</strong> son<br />

contenu, par l’équilibre structurel dans lequel se maintient sa trame, entre la simplicité <strong>de</strong><br />

l’emblème et la sérialité complexe <strong>de</strong> l’épopée rhapsodique, et enfin, par une forme<br />

d’éclairage métaphysique.<br />

Il est indubitable que ces points amènent d’excellents éléments dans la discussion.<br />

Pourtant, il me semble qu’avec ces trois critères, tout n’est pas encore dit, et qu’en dépit <strong>de</strong><br />

ses indéniables qualités, l’approche <strong>de</strong> Sellier n’est pas sans présenter quelques difficultés.<br />

• Modèle inductif ou déductif ?<br />

La première <strong>de</strong> ces difficultés me paraît rési<strong>de</strong>r dans le fait que le travail <strong>de</strong> définition auquel<br />

se livre Sellier passe par <strong>de</strong>ux étapes dont la distinction n’est peut-être pas suffisamment<br />

explicitée : la première est une démarche inductive, tandis que la secon<strong>de</strong> serait <strong>de</strong> nature<br />

typologique et normative. Dans un premier temps, Sellier fait confiance à la langue et établit<br />

cinq catégories <strong>de</strong> ce qu’il est convenu <strong>de</strong> regrouper sous cette dénomination <strong>de</strong> « mythe<br />

littéraire », soumise à son en<strong>quête</strong>. La démarche découle clairement d’une volonté <strong>de</strong> baliser<br />

le terrain <strong>de</strong> la façon la plus large possible, pour essayer <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>s multiples individus <strong>de</strong><br />

ce groupe quelques caractéristiques communes. On <strong>de</strong>vine, à quelques remarques ponctuelles,<br />

que certaines catégories i<strong>de</strong>ntifiées ne relèvent pas sans difficulté du « mythe littéraire » :<br />

ainsi, par exemple, Sellier peut-il parler, à propos <strong>de</strong> sa troisième catégorie (symbolisations<br />

frappantes qui ne se constituent pas en récit, comme par exemple le « mythe <strong>de</strong> Venise »),<br />

d’« ensemble baptisé un peu trop vite "mythes littéraires" » (p. 116). Ce serait donc que la<br />

langue, malgré la confiance qu’on veut bien lui accor<strong>de</strong>r, se trompe parfois… <strong>En</strong> l’espèce, le<br />

problème vient <strong>de</strong> ce que cette catégorie implique <strong>de</strong>s éléments qui « n’incarnent nullement<br />

une situation se développant en récit » (id.). Mais la seule raison que nous avons, à ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

la réflexion, pour estimer qu’il y a là motif à contredire le génie <strong>de</strong> la langue, c’est<br />

l’approbation affichée par Sellier quant à la dimension <strong>de</strong> récit qu’implique la définition du<br />

mythe <strong>de</strong> Rougemont, sur laquelle il s’appuie et qu’il se propose d’affiner. N’aurait-il pas pu,<br />

aussi bien, conserver sa confiance en la langue et remettre en cause cet aspect <strong>de</strong> la définition<br />

<strong>de</strong> Rougemont ? S’il ne le fait pas, c’est bien que son idée est déjà arrêtée sur le fait que le<br />

mythe littéraire doit forcément se constituer en récit.<br />

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