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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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le graal induit probablement une <strong>quête</strong>, mais cela ne suffit pas à constituer un récit<br />

suffisamment individualisé, et il me paraît beaucoup plus pertinent, dans la démarche qui est<br />

la mienne, <strong>de</strong> considérer la <strong>quête</strong> comme un mythème principal du « mythe <strong>de</strong> <strong>Perceval</strong> » qui,<br />

<strong>de</strong> son côté, peut se targuer <strong>de</strong> présenter plusieurs « schèmes verbaux » propres à en faire une<br />

vraie matrice narrative.<br />

L’expression « mythe <strong>de</strong> <strong>Perceval</strong> » comporte, en outre, un autre raccourci, et il faudra bien<br />

sûr entendre <strong>de</strong>rrière le substantif « mythe » la présence masquée <strong>de</strong> l’épithète « littéraire ».<br />

La tendance générale <strong>de</strong> la langue est <strong>de</strong> comprendre, par défaut, « mythe » comme « mythe<br />

ethno-religieux » et d’imposer l’emploi <strong>de</strong> rallonges à qui voudrait spécifier. Mais dans le<br />

souci d’éviter la répétition à satiété du monstre « mythe littéraire <strong>de</strong> <strong>Perceval</strong> », je me permets<br />

<strong>de</strong> renverser la perspective, dans les bornes <strong>de</strong> ce travail, et <strong>de</strong> faire entendre par défaut<br />

« mythe littéraire » <strong>de</strong>rrière « mythe ».<br />

Dernière précision quant au mythe <strong>de</strong> « <strong>Perceval</strong> » : j’utiliserai par défaut ce nom là, plutôt<br />

que Parsifal, Parzival, Perlesvaus ou quelques autres encore, dans toutes les occurrences où ce<br />

sera ma plume qui le tracera, hors <strong>de</strong> tout dialogisme. Mais lorsque j’évoquerai cette figure<br />

chez un auteur qui l’appelle autrement, je suivrai logiquement ce changement <strong>de</strong> nom. Il en va<br />

<strong>de</strong> même pour le graal que, pour ma part, j’écrirai sans majuscule – par l’effet d’une<br />

résistance spontanée à un certain mysticisme qui a tendance à flotter autour du « Graal ».<br />

Mais, là aussi, je suivrai sans rechigner les auteurs qui préfèrent parler du Saint-Graal.<br />

1. Un mythe foncièrement ouvert<br />

Voilà pour la forme et pour l’étiquette. Un mot, à présent, sur les spécificités thématiques que<br />

présente ce mythe, et qui ont contribué à éveiller en moi un intérêt tout particulier. Un premier<br />

point à mettre en évi<strong>de</strong>nce est qu’il appartient à ce « trésor jusqu’ici si négligé, si peu utilisé<br />

<strong>de</strong>s mythes du Moyen Âge » qu’évoque avec gourmandise Julien Gracq dans l’avant-propos<br />

du Roi Pêcheur 135 . Un peu plus loin, Gracq insiste sur le fait que, contrairement aux mythes<br />

antiques, ils « ne sont pas <strong>de</strong>s mythes tragiques, mais <strong>de</strong>s histoires "ouvertes" » 136 .<br />

vertu thérapeutique. (GILBERT DURAND et CHAOYING SUN, Mythe, thèmes et variations, <strong>Paris</strong>: Desclée <strong>de</strong><br />

Brouwer, "Sociologie du quotidien", 2000, pp. 127-8). Pourtant, en dépit du terme « mythème », il semble bien<br />

que nous ayons affaire ici à l’analyse d’un archétype plutôt que d’un mythe, au sens dynamique que Durand luimême<br />

donne à ce terme.<br />

135 JULIEN GRACQ, Le Roi Pêcheur, <strong>Paris</strong>: José Corti, 1948, p. 10.<br />

136 I<strong>de</strong>m<br />

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