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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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espectives. Mais la coloration générale du texte change du tout au tout, du fait que la voix<br />

dominante n’est plus celle du rédacteur <strong>de</strong> 1530, encadrée par celle, plus discrète, d’un<br />

compilateur mo<strong>de</strong>rne. Au contraire, la voix qui se fait entendre sans fard est ouvertement celle<br />

d’un « homme <strong>de</strong> beaucoup d’esprit » <strong>de</strong> la fin du XVIIIème siècle. Les quelques citations qui<br />

subsistent du texte <strong>de</strong> 1530 ne sont plus guère <strong>de</strong>stinées qu’à produire un effet archaïsant, une<br />

« couleur locale ».<br />

Tressan, par ailleurs, multiplie les traits d’esprit et les bon mots, et ce dès la première ligne <strong>de</strong><br />

son récit : achevant ses remarques « philologiques » sur une pique relative à l’erreur <strong>de</strong><br />

Lenglet (« combien <strong>de</strong> notes ou d’observations ainsi faites sur <strong>de</strong>s à-peu-près ou sur <strong>de</strong>s oui<br />

dire ! »), il enchaîne en commençant la miniature par « c’étoit un oui-dire qu’il y avoit<br />

anciennement parmi les forêts du royaume <strong>de</strong> Logres […] ». Le ton est tout <strong>de</strong> suite donné, et<br />

c’est l’« homme <strong>de</strong> beaucoup d’esprit » qui tient le diapason.<br />

La suite du texte est emplie <strong>de</strong> jeux sur les mots, du type <strong>de</strong> celui-ci : « Blanche-Fleur se<br />

reposa du reste sur son honnêteté. <strong>En</strong> effet, <strong>Perceval</strong> fut si honnête que l’aimable affligée ne<br />

dormit point du tout jusqu’au lever du jour » 246 .<br />

Le rédacteur ne perd pas une occasion <strong>de</strong> rehausser le piquant d’une scène par une tira<strong>de</strong> bien<br />

ajustée, comme par exemple lorsque Keu(x) s’adresse à <strong>Perceval</strong>, au moment <strong>de</strong> son arrivée à<br />

la cour :<br />

Certes ! tu fus bien avisé d’amener ton petit cheval pour une bataille, & <strong>de</strong> ne point<br />

apporter d’armes, puisque le Chevalier Vermeil t’en gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> si belles (p. 69)<br />

– alors que pour le même passage, Paulmy citait le texte <strong>de</strong> 1530 :<br />

Certes amy, tu as assez bonne raison. Vas au Chevalier Vermeil tollir (ôter) les<br />

armes ; car tiennes sont ; & tu ne fus pas si fol, grand [sic pour « quand »] pour cette<br />

cause vins en cette terre. (p. 54)<br />

Tressan cherche aussi beaucoup plus à caractériser les scènes visuellement : comparons<br />

simplement les <strong>de</strong>scriptions que font les <strong>de</strong>ux rédacteurs du cortège <strong>de</strong> pénitents que <strong>Perceval</strong><br />

rencontre après ses cinq ans d’errances. Chez Paulmy, qui, dans ce passage, ne cite pas le<br />

texte <strong>de</strong> 1530, on a :<br />

246 Bibliothèque Universelle <strong>de</strong>s Romans, nov. 1783, pp. 80-1 (XVII, p. 332). Pour les citations suivantes, je<br />

mentionnerai simplement entre parenthèses les pages, dans la numérotation originale.<br />

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