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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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Il laissera, s’il lui plaît, à notre pays, ses Chansons <strong>de</strong> geste. Il ne ravira pas à la<br />

langue française […] l’honneur <strong>de</strong> les avoir la première exprimées. 306<br />

La Villemarqué, <strong>de</strong> son côté, montera aussi au créneau pour contrer le système <strong>de</strong> Fauriel, en<br />

démontrant que les romans <strong>de</strong> la Table ron<strong>de</strong> sont évi<strong>de</strong>mment d’origine bretonne. Si les<br />

conclusions <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux chercheurs les rassemblent pour faire front à Fauriel, les voies qu’ils ont<br />

empruntées pour y parvenir sont assez différentes : tandis que le médiéviste Paulin <strong>Paris</strong><br />

cherche à établir les datations <strong>de</strong>s textes médiévaux pour montrer comment une matière<br />

narrative a pu circuler, d’adaptation en traduction, parmi les différentes régions d’Europe, La<br />

Villemarqué, pour sa part, en arrive à ces questionnements à travers une série d’en<strong>quête</strong>s sur<br />

les récits oraux <strong>de</strong> sa Bretagne natale. Sa première tentative dans ce domaine date <strong>de</strong> 1839 : il<br />

a vingt-trois ans et publie un recueil titré Barzaz-Breiz : chants populaires <strong>de</strong> la Bretagne. Le<br />

succès est immédiat et considérable. L’ouvrage est réédité en 1845, puis en 1867, avec à<br />

chaque fois d’importants remaniements. Dès la première édition, la presse réserve à ce texte<br />

un accueil très enthousiaste, non seulement en Bretagne, mais à <strong>Paris</strong> ; non seulement en<br />

France, mais dans plusieurs autres pays. Divers chants font l’objet <strong>de</strong> traductions en anglais,<br />

allemand, suédois ou polonais. <strong>En</strong> 1846, La Villemarqué reçoit la légion d’honneur ; en 1851,<br />

il est élu à l’Académie royale <strong>de</strong> Berlin, sur la recommandation <strong>de</strong> Jacob Grimm ; en 1858, il<br />

est reçu à l’Institut <strong>de</strong> France, où il rejoint Paulin <strong>Paris</strong>, qui y siège déjà.<br />

• La querelle du Barzaz-Breiz<br />

Parmi les échos enthousiastes suscités par le Barzaz-Breiz, il faut citer au moins ces mots<br />

qu’écrit George Sand dans ses Promena<strong>de</strong>s autour d’un village (1857) :<br />

Le Tribut <strong>de</strong> Noménoé est un poème <strong>de</strong> 140 vers, plus grand que l’Ilia<strong>de</strong>, plus beau,<br />

plus parfait qu’aucun chef-d’œuvre sorti <strong>de</strong> l’esprit humain. […] Macpherson a<br />

rempli l’Europe du nom d’Ossian ; avant Walter Scott, il avait mis l’Ecosse à la mo<strong>de</strong>.<br />

Vraiment, nous n’avons pas assez fêté notre Bretagne, et il y a encore <strong>de</strong>s lettrés qui<br />

n’ont pas lu les chants sublimes <strong>de</strong>vant lesquels, convenons-en, nous sommes comme<br />

<strong>de</strong>s nains <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s géants. […] <strong>En</strong> vérité, aucun <strong>de</strong> ceux qui tiennent une plume ne<br />

<strong>de</strong>vrait rencontrer un Breton sans lui ôter son chapeau. 307<br />

Mais le rapprochement avec MacPherson n’est pas sans susciter d’autres échos, un peu moins<br />

favorables : si Chateaubriand écrit à La Villemarqué, en 1840,<br />

306 PARIS, Li Romans <strong>de</strong> Garin le Loherain, p. 3.<br />

307 Cité dans GOURVIL, Théodore-Clau<strong>de</strong>-Henri Hersart <strong>de</strong> La Villemarqué (1815-1895) et le "Barzaz-Breiz"<br />

(1839-1845-1867). Origines, éditions, sources, critique, influences, p. 169.<br />

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