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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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omans existent au moment de l’écriture. El<strong>les</strong> relèvent même plutôt de la première moitié du<br />

XIX ème siècle.<br />

110<br />

L’exemple du Château des Carpathes (1892) est typique de c<strong>et</strong> état de fait, où le<br />

romancier mélange habilement réel <strong>et</strong> <strong>imaginaire</strong>, science <strong>et</strong> fantastique, quotidien <strong>et</strong><br />

surnaturel, mais où tout est justifié <strong>et</strong> expliqué à la fin du récit. Ju<strong>les</strong> Verne précise dès <strong>les</strong><br />

premières lignes de son roman l’ambiguïté d’une science qui n’est pas connue de tous. Ce qui<br />

est surnaturel pour ces habitants du village de Werst est tout à fait logique <strong>et</strong> actuel pour<br />

l’auteur amiénois 401 : « C<strong>et</strong>te histoire n’est pas fantastique, elle n’est que romanesque. Faut-il<br />

en conclure qu’elle ne soit pas vraie, étant donné son invraisemblance ? […] Si notre récit<br />

n’est point vraisemblable aujourd’hui, il peut l’être demain, grâce aux ressources<br />

scientifiques qui sont le lot de l’avenir, <strong>et</strong> personne ne s’aviserait de le m<strong>et</strong>tre au rang des<br />

légendes » 402 . Dans son roman, l’auteur précise que le fantastique d’aujourd’hui n’est que la<br />

science de demain. Et <strong>dans</strong> le cas présent, ce qui semble fantastique <strong>et</strong> surnaturel pour <strong>les</strong><br />

habitants du village de Werst n’est autre que la science <strong>et</strong> la technique d’une époque maîtrisée<br />

par un savant (fou, ici) : Orfanik. C’est ainsi que le merveilleux décrit <strong>et</strong> utilisé par Ju<strong>les</strong><br />

Verne n’est pas pur, il est imparfait, ou « excusé ».<br />

Affinant sa présentation, Tzv<strong>et</strong>an Todorov explique que pour « bien cerner le<br />

merveilleux pur, il convient d’en écarter plusieurs types de récit, où le surnaturel reçoit<br />

encore une certaine justification » 403 . Ces types de récits sont au nombre de quatre : le<br />

merveilleux hyperbolique, exotique, instrumental <strong>et</strong> scientifique. Ainsi, « à toutes ces variétés<br />

de merveilleux « excusé », justifié, imparfait, s’oppose le merveilleux pur qui ne s’explique<br />

d’aucune manière » 404 . Les récits de Ju<strong>les</strong> Verne appartiennent essentiellement au registre du<br />

merveilleux « excusé », <strong>et</strong> plus spécifiquement aux trois premiers types de récits analysés par<br />

Tzv<strong>et</strong>an Todorov.<br />

401 Le narrateur explique ainsi : « il fallait que le village de Werst méritât d’être rangé parmi <strong>les</strong> plus arriérés du<br />

comitat de Klausenburg. Et cela était, on le verra bientôt ». Verne Ju<strong>les</strong>. Le Château des Carpathes (1892).<br />

Chapitre I.<br />

402 Ibid., même page.<br />

403 Todorov Tzv<strong>et</strong>an. Introduction à la littérature fantastique, op. cit., p. 60. L’auteur déclare également à la fin<br />

de son ouvrage : « Le XIX ème siècle vivait, il est vrai, <strong>dans</strong> une métaphysique du réel <strong>et</strong> de l’<strong>imaginaire</strong>, <strong>et</strong> la<br />

littérature fantastique n’est rien d’autre que la mauvaise conscience de ce XIX ème siècle positiviste », ibid., p.<br />

176.<br />

404 Ibid., p. 62.

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