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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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mieux que la bifurcation du Cassiquiare, comme le véritable centre hydrographique de toute<br />

la région comprise entre la mer des Antil<strong>les</strong> <strong>et</strong> l’Amazonie » 530 .<br />

Ju<strong>les</strong> Verne a lu certains travaux d’Alexandre de Humboldt, <strong>et</strong> il lui arrive bien<br />

évidemment de s’en servir de source sans passer forcément par Élisée Reclus. Mais nous ne<br />

pouvons oublier que <strong>dans</strong> la majeure partie des cas, <strong>les</strong> références à Humboldt sont faites par<br />

l’intermédiaire du géographe français. D’une part, cela perm<strong>et</strong> à Ju<strong>les</strong> Verne de s’assurer de la<br />

solidité des propos écrits par Humboldt (si Élisée Reclus <strong>les</strong> reprend, c’est qu’il <strong>les</strong> juge<br />

pertinents), d’autre part, cela perm<strong>et</strong> au romancier d’introduire une continuité historique <strong>dans</strong><br />

son récit <strong>et</strong> de lui donner un poids, une caution « scientifique » non négligeable en multipliant<br />

des références dont le lecteur ignore si el<strong>les</strong> sont directes ou indirectes. La confusion, la<br />

fusion même, perm<strong>et</strong> à Ju<strong>les</strong> Verne de préparer ce terreau fertile où l’<strong>imaginaire</strong> germe à son<br />

aise. La confusion est toujours propice à l’extraordinaire, <strong>et</strong> Ju<strong>les</strong> Verne s’en sert en<br />

connaissance de cause. S’il est souvent difficile de préciser avec exactitude quelle a été<br />

exactement la source utilisée par l’auteur, l’exemple du récit de Jean Chaffanjon demeure<br />

cependant représentatif de l’inspiration vernienne. L’essentiel du roman vernien repose sur le<br />

récit de l’explorateur français. Mais <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te affaire peut-on encore parler d’inspiration ?<br />

3 - Du « Paradis terrestre » à l’Orénoque : le mythe de l’Eldorado<br />

De la comparaison que nous avons établie entre le texte d’Élisée Reclus <strong>et</strong> le roman de<br />

Ju<strong>les</strong> Verne, il apparaît que le chapitre III du tome XVIII de la N.G.U. a servi de complément<br />

au récit de Jean Chaffanjon <strong>dans</strong> l’écriture du roman vernien 531 . Faire référence à Élisée<br />

Reclus c’est apporter une caution solide <strong>et</strong> légitime à un récit <strong>imaginaire</strong> où l’action se<br />

déroule <strong>dans</strong> un pays inconnu du romancier. La fraîcheur des informations dont dispose Ju<strong>les</strong><br />

Verne avec la publication en 1893 de ce XVIII ème tome de la N.G.U. lui perm<strong>et</strong> d’asseoir<br />

définitivement son récit sur des sources officiel<strong>les</strong> <strong>et</strong> incontestablement <strong>géographique</strong>s.<br />

Analysons quelques-unes de ces références, afin de voir comment Ju<strong>les</strong> Verne<br />

construit son récit en le reposant sur <strong>les</strong> textes de ses illustres contemporains. La première<br />

référence à Élisée Reclus que nous avons relevée se situe à la page 51 du roman (édition de<br />

poche 532 ), au tout début du chapitre III (À bord du « Simon Bolivar »). Elle constitue<br />

d’ailleurs l’incipit du chapitre : « « L’Orénoque sort du Paradis terrestre », cela est dit <strong>dans</strong><br />

530 Reclus Élisée. Nouvelle <strong>Géographie</strong> Universelle, op. cit., p. 128. Voir également : « Le Cassiquiare… un<br />

fleuve qui relie deux fleuves ! ». In : Bull<strong>et</strong>in de liaison de la Société de <strong>Géographie</strong>, n° 1 Hors-série, 2008. 39 p.<br />

531 Voir Document 9 : Carte du cours de l’Orénoque, de Jean Chaffanjon (1886-87) à Ju<strong>les</strong> Verne (1893/94-98).<br />

532 C<strong>et</strong>te édition (Serpent à plumes) reprend la version publiée <strong>dans</strong> le Magasin d’éducation <strong>et</strong> de récréation <strong>et</strong><br />

non celle publiée <strong>dans</strong> le texte définitif de librairie.<br />

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