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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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C) - De Victor Hugo à Ju<strong>les</strong> Verne : la poésie des <strong>Voyages</strong> Extraordinaires<br />

1 - Comment (d)écrire la nature ? : Victor Hugo au secours de Ju<strong>les</strong> Verne<br />

Pour comprendre comment Ju<strong>les</strong> Verne parle de la nature <strong>dans</strong> ses <strong>Voyages</strong><br />

Extraordinaires, il est nécessaire d’évoquer <strong>les</strong> Romantiques, dont nous savons que l’un des<br />

plus illustres, Victor Hugo (1802-1885), était un maître incontesté pour l’écrivain amiénois 223 .<br />

Les nombreuses références de Ju<strong>les</strong> Verne à l’auteur des Travailleurs de la Mer (1866),<br />

qu’el<strong>les</strong> soient directes ou indirectes, témoignent d’une sensibilité <strong>et</strong> d’une approche<br />

romantiques qu’il est nécessaire de présenter.<br />

Lorsque Ju<strong>les</strong> Verne parle de la nature, lorsqu’il l’écrit, la décrit, il emprunte souvent<br />

au vocabulaire poétique <strong>et</strong> lyrique 224 : « C<strong>et</strong>te belle nuit, très étoilée au zénith, comme toutes<br />

<strong>les</strong> nuits polaires, était propice d’ailleurs à un apaisement de l’esprit. Le vent murmurait à<br />

travers <strong>les</strong> sapins. La mer semblait dormir sur le littoral. Une houle très allongée gonflait à<br />

peine sa surface <strong>et</strong> venait expirer sans bruit à la lisière de l’île. Pas un cri d’oiseau <strong>dans</strong><br />

l’air, pas un vagissement sur la plaine. Quelques crépitements des souches de sapins<br />

s’épanouissant en flammes résineuses, puis, à de certains interval<strong>les</strong>, le murmure des voix qui<br />

s’envolaient <strong>dans</strong> l’espace, troublaient seuls, en le faisant paraître sublime, ce silence de la<br />

nuit » 225 . C<strong>et</strong>te poésie (du grand nord canadien ici) s’accompagne cependant souvent chez<br />

l’auteur d’une limite rhétorique : « Aucune description ne saurait rendre la sublime<br />

magnificence de c<strong>et</strong>te « gloire », qui rayonnait <strong>dans</strong> toute sa splendeur au pôle boréal du<br />

monde » 226 . Ju<strong>les</strong> Verne exprime le même sentiment <strong>dans</strong> Un bill<strong>et</strong> de loterie (1886) : « Ici, le<br />

Rjukanfos a des aspects étranges, diffici<strong>les</strong> à reproduire par la description. La peinture même<br />

ne <strong>les</strong> rendrait que d’une façon insuffisante. Il est certaines merveil<strong>les</strong> naturel<strong>les</strong> qu’il faut<br />

voir pour en comprendre toute la beauté, entre autres c<strong>et</strong>te chute, la plus célèbre de tout le<br />

continent européen » 227 . Dans L’Île à hélice (1895), l’homme regr<strong>et</strong>te de ne pouvoir rendre<br />

hommage à c<strong>et</strong>te nature merveilleuse : « S’il avait eu ses instruments, il n’aurait pas résisté<br />

au désir de répondre par l’exécution d’un chef-d’œuvre lyrique au spectacle de ces chefs-<br />

d’œuvre de la nature ! » 228 .<br />

223<br />

Ibid., ; <strong>les</strong> références directes <strong>et</strong> enthousiastes à l’égard de Victor Hugo sont nombreuses <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>Voyages</strong><br />

Extraordinaires. Evans Arthur B. « Literary intertexts in Ju<strong>les</strong> Verne’s <strong>Voyages</strong> Extraordinaires ». In : Science-<br />

Fiction Studies, XXIII, 1996. p. 171-187.<br />

224<br />

Bernard d’Espagnat, <strong>dans</strong> son ouvrage Un atome de sagesse, propos d'un physicien sur le réel voilé, reconnaît<br />

que la poésie perm<strong>et</strong> parfois de décrire ce que la science est incapable de faire.<br />

225<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. Le Pays des Fourrures (1873). Chapitre IV, Deuxième partie.<br />

226<br />

Ibid., chapitre XVIII. Première partie.<br />

227<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. Un bill<strong>et</strong> de loterie (1886). Chapitre VIII.<br />

228<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. L’Île à hélice (1895). Chapitre XI, Première Partie.<br />

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