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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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dimension <strong>géographique</strong> est la plus forte : « Aux serres du condor un corps inanimé<br />

apparaissait suspendu <strong>et</strong> ballotté, celui de Robert Grant » 413 ; « Un esprit plus imaginatif eût,<br />

sans doute, éprouvé de singulières surexcitations lors des premières heures passées sur c<strong>et</strong>te<br />

limite de la nouvelle zone, - des visions, des cauchemars, des hallucinations d’hypnobate… Il<br />

se sentit comme transporté au milieu du surnaturel…» 414 ; « […] c’était un géant capable de<br />

commander à ces monstres. Sa taille dépassait douze pieds. Sa tête grosse comme la tête d’un<br />

buffle, disparaissait <strong>dans</strong> <strong>les</strong> broussail<strong>les</strong> d’une chevelure inculte » 415 ; « […] le spectacle<br />

n’était pas moins surnaturel de c<strong>et</strong> élément sillonné par des milliers de poissons de toutes <strong>les</strong><br />

espèces […] <strong>et</strong> cependant quelques-uns de ces habitants de la mer atteignaient à de<br />

formidab<strong>les</strong> proportions » 416 .<br />

112<br />

Le troisième type de merveilleux « excusé » est le merveilleux instrumental. Dans ce<br />

troisième type « apparaissent ici des p<strong>et</strong>its gadg<strong>et</strong>s, des perfectionnements techniques<br />

irréalisab<strong>les</strong> à l’époque décrite, mais après tout parfaitement possib<strong>les</strong> » 417 . L’œuvre de Ju<strong>les</strong><br />

Verne se situe parfois à la marge de ce récit, car lui-même déclare faire « de la fiction à partir<br />

de ce qui est devenu faits ultérieurement » 418 . Toutes <strong>les</strong> machines présentes <strong>dans</strong> son œuvre<br />

étaient déjà imaginées à son époque, voire réalisées 419 . Quelques-unes n’ont simplement pu<br />

voir le jour que par la suite. Ju<strong>les</strong> Verne, quant à lui, s’est contenté de <strong>les</strong> m<strong>et</strong>tre en scène sous<br />

forme romanesque, de leur donner vie, de <strong>les</strong> habiter 420 , de <strong>les</strong> rendre extraordinaires,<br />

merveilleuses, immenses : « […] il avait manifesté sa volonté de rester au milieu de ces<br />

merveil<strong>les</strong> du Nautilus, que des millions n’eussent pas payées » 421 ; « […] de mes calculs<br />

indiscutab<strong>les</strong> il résulte que tout projectile doué d’une vitesse initiale de douze mille yards par<br />

seconde, <strong>et</strong> dirigé vers la Lune, arrivera nécessairement jusqu’à elle. J’ai donc l’honneur de<br />

413<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. Les Enfants du capitaine Grant (1867-68), Chapitre XIV, Première partie.<br />

414<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. Le Sphinx des glaces (1897), Chapitre XII, Première partie.<br />

415<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. Voyage au centre de la Terre (1867). Chapitre XXXIX. Il s’agit justement de l’un des passages<br />

qui ne figurent pas <strong>dans</strong> la version de 1864.<br />

416<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. <strong>Voyages</strong> <strong>et</strong> aventures du capitaine Hatteras (1866), Chapitre XXI, Seconde partie.<br />

417<br />

Todorov Tzv<strong>et</strong>an. Introduction à la littérature fantastique, op. cit., p. 61.<br />

418<br />

Compère Daniel ; Margot Jean-Michel. Entr<strong>et</strong>iens avec Ju<strong>les</strong> Verne 1873-1905, op. cit., p. 178-179.<br />

419<br />

Voir à ce titre : De la Cotardière Philippe (dir.). Ju<strong>les</strong> Verne. De la science à l’<strong>imaginaire</strong>. Paris : Larousse,<br />

2004. 192 p. <strong>et</strong> Ju<strong>les</strong> Verne, <strong>les</strong> Machines <strong>et</strong> la Science. Actes du colloque international - 12 octobre 2005 -<br />

Nantes : École Centrale de Nantes, 2005. 332 p.<br />

420<br />

Michel Butor ne déclare-t-il pas à ce titre : « Tout le monde a lu Ju<strong>les</strong> Verne, <strong>et</strong> a éprouvé c<strong>et</strong>te prodigieuse<br />

puissance de faire rêver qui fut le partage de son génie érudit <strong>et</strong> naïf. Les mythes que Ju<strong>les</strong> Verne nous exposait,<br />

<strong>dans</strong> son langage précis, nous habitent encore… ». In : Ju<strong>les</strong> Verne. Paris : L’Herne, 1974. p. 346.<br />

421<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. L’Île Mystérieuse (1874-75), Chapitre XVII, Troisième partie. L’auteur emploie également<br />

l’expression « merveil<strong>les</strong> du Nautilus » <strong>dans</strong> Vingt mille lieues sous <strong>les</strong> mers (1869), Chapitre XI, Première<br />

partie. Or, Masataka Ishibashi rappelle justement à ce titre la volonté de Ju<strong>les</strong> Verne : « L’auteur demande au<br />

dessinateur de « faire <strong>les</strong> personnages beaucoup plus p<strong>et</strong>its » <strong>et</strong> de « montrer <strong>les</strong> salons beaucoup plus en<br />

grand » afin de donner « l’idée des merveil<strong>les</strong> du Nautilus » ». Ishibashi Masataka. Description de la Terre<br />

comme proj<strong>et</strong> éditorial. <strong>Voyages</strong> extraordinaires de Ju<strong>les</strong> Verne <strong>et</strong> système de l’éditeur H<strong>et</strong>zel, op. cit., p. 118.

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