17.07.2013 Views

Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

dangereux, le moyen donné à l’homme de dépasser <strong>les</strong> limites données par la nature<br />

(humaine). Axel ne déclare-t-il pas : « Devais-je prendre au sérieux sa résolution d’aller au<br />

centre du massif terrestre ? Venais-je d’entendre <strong>les</strong> spéculations insensées d’un fou ou <strong>les</strong><br />

déductions scientifiques d’un grand génie ? En tout cela, où s’arrêtait la vérité, où<br />

commençait l’erreur ? » 211 . Un peu plus loin, le même narrateur annonce la nouvelle à la<br />

servante : « Est-ce que monsieur est fou ? me dit-elle. - Je fis un signe affirmatif. - Et il vous<br />

emmène avec lui ? - Même affirmation. - Où cela ? dit-elle. - J’indiquai du doigt le centre de<br />

la terre. - À la cave ? s’écria la vieille servante - Non, dis-je enfin, plus bas ! » 212 .<br />

L’apparente naïv<strong>et</strong>é des propos de la servante (« À la cave ? ») témoigne en réalité d’une<br />

véritable poétique de l’espace. Bachelard intitule d’ailleurs la première partie de son essai (La<br />

poétique de l’espace) : La maison. De la cave au grenier. Le sens de la hutte.<br />

Le héros fou (ou génial ? où se situe la limite ?) est capable alors de briser l’équilibre<br />

installé pour m<strong>et</strong>tre en place un nouvel équilibre. Ne faut-il pas être fou, ou illuminé, pour<br />

installer une Mission aux sources de l’Orénoque ? Pourtant, force est de constater à quel point<br />

l’installation est prospère.<br />

La communion avec la nature, selon Ju<strong>les</strong> Verne, ne peut se faire que par<br />

l’intermédiaire du groupe, de la communauté. La solitude est l’ennemie de l’homme alors que<br />

le groupe perm<strong>et</strong> au contraire la survie <strong>et</strong> l’épanouissement de l’homme. Si le groupe se<br />

r<strong>et</strong>rouve <strong>dans</strong> une nature autrefois sauvage mais rendue merveilleuse par le travail de<br />

l’homme, alors <strong>les</strong> hommes peuvent désormais vivre <strong>dans</strong> un véritable Jardin d’Éden (ce que<br />

nous verrons notamment avec Le Superbe Orénoque).<br />

2 - Une Nature parfaite : la perfection révélée à l’homme<br />

La toute puissance de la nature ne cesse d’étonner l’écrivain, a fortiori lorsqu’il décrit<br />

<strong>dans</strong> son roman un spectacle qu’il a vu de ses propres yeux : « Pendant toute la journée, nous<br />

errâmes sur <strong>les</strong> rives du Niagara, irrésistiblement ramenés à c<strong>et</strong>te tour où <strong>les</strong> mugissements<br />

des eaux, l’embrun des vapeurs, le jeu des rayons solaires, l’enivrement <strong>et</strong> <strong>les</strong> senteurs de la<br />

cataracte vous maintiennent <strong>dans</strong> une perpétuelle extase » 213 .<br />

La nature est multiple <strong>et</strong> complexe <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>Voyages</strong> Extraordinaires. Source<br />

d’émerveillement, de par sa beauté, son originalité, sa grandeur, sa puissance (« Lord<br />

Glenarvan <strong>et</strong> lady Helena vivaient heureux à Malcolm-Castle, au milieu de c<strong>et</strong>te nature<br />

211<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. Voyage au centre de la Terre (1864). Chapitre VII.<br />

212<br />

Ibid.<br />

213<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. Une Ville flottante (1871). Chapitre XXXVII.<br />

63

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!