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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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général, <strong>et</strong> ceux de Ju<strong>les</strong> Verne en particulier, constitue ce nouveau territoire <strong>géographique</strong> <strong>et</strong><br />

<strong>imaginaire</strong> que le chercheur peut <strong>et</strong> doit investir. Relire Ju<strong>les</strong> Verne <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te perspective<br />

perm<strong>et</strong> d’appréhender autrement le monde actuel. Car même <strong>dans</strong> des romans verniens<br />

considérés comme purement « historiques » il est possible de dégager une trame<br />

<strong>géographique</strong> <strong>et</strong> <strong>imaginaire</strong>. L’exemple de Famille-Sans-Nom (1889) est typique de c<strong>et</strong>te<br />

construction vernienne : Ju<strong>les</strong> Verne relie <strong>imaginaire</strong>ment <strong>et</strong> hydrographiquement le fleuve<br />

Saint-Laurent aux Chutes du Niagara <strong>dans</strong> une aventure où l’on remonte également le temps.<br />

Ce roman est le seul de l’auteur où le héros principal meurt <strong>dans</strong> un « point suprême » (<strong>les</strong><br />

cataractes du Niagara). Rappelons que Hatteras devait également mourir <strong>dans</strong> le volcan situé<br />

au pôle nord, mais l’éditeur est intervenu pour modifier une fin trop tragique susceptible de<br />

déplaire au jeune lectorat.<br />

Être géographe, c’est lire, dire <strong>et</strong> écrire la terre. À différentes reprises <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te thèse<br />

nous avons fait référence à d’autres interprétations, à d’autres lectures <strong>et</strong> écritures possib<strong>les</strong> de<br />

l’espace <strong>géographique</strong>. Ainsi, lorsque nous avons évoqué Élisée Reclus, <strong>et</strong> en particulier sa<br />

célèbre Nouvelle <strong>Géographie</strong> Universelle ou encore son ouvrage L’Homme <strong>et</strong> la Terre, nous<br />

avons souligné c<strong>et</strong>te époque où <strong>les</strong> géographes « se sont épanchés <strong>dans</strong> le lyrisme, l’ode à la<br />

nature <strong>et</strong> aux paysages » 769 . Cinquante ans plus tard, Gaston Bachelard, <strong>dans</strong> Poétique de<br />

l’espace, propose une approche phénoménologique des lieux. Éric Dardel l’accompagne <strong>dans</strong><br />

un ouvrage lui aussi intitulé L’homme <strong>et</strong> la terre qui ouvre sur une géographie que l’on peut<br />

qualifier d’humaniste 770 . Élisée Reclus <strong>et</strong> Éric Dardel sont désormais reconnus par <strong>les</strong><br />

géographes comme des auteurs ayant su transm<strong>et</strong>tre autrement le rapport de l’homme à<br />

l’espace. La lecture, la relecture de leurs ouvrages doit nous inciter à ce « plaisir du texte<br />

[auquel] <strong>les</strong> sciences de l’homme ne sont plus habituées » 771 . La démarche est ambitieuse,<br />

puisqu’elle vise finalement à changer de paradigme 772 . Éric Dardel, comme le souligne<br />

Claude Raffestin, « croit davantage, pour exprimer <strong>les</strong> choses, au langage poétique ou à celui<br />

du roman qu’à celui du savant trop épuré, trop froid, trop appauvri en quelque sorte » 773 .<br />

Ju<strong>les</strong> Verne, Élisée Reclus, Éric Dardel, Gaston Bachelard sont quatre auteurs (deux<br />

géographes, un philosophe <strong>et</strong> un romancier) qui ont essayé <strong>dans</strong> leurs textes de faire œuvre de<br />

769<br />

Pell<strong>et</strong>ier Philippe. « Élisée Reclus : Géographe ou écologue ? Anarchiste ou écologiste ? ». In : Itinéraire, n°<br />

14-15, 1998. p. 29-39.<br />

770<br />

Raffestin Claude. « Pourquoi n’avons-nous pas lu Éric Dardel ? ». In : Cahiers de géographie du Québec, vol<br />

31, n° 84, 1987. p. 471-481.<br />

771 Ibid., p. 472.<br />

772 Ibid., p. 473.<br />

773 Ibid., p. 479.<br />

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