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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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§ 10) - Les conditions pédologiques sont également précisées, élément essentiel <strong>dans</strong> ce<br />

dispositif humain qui repose sur l’agriculture <strong>et</strong> l’élevage : « Si le sol de c<strong>et</strong>te contrée<br />

possédait une si merveilleuse fertilité […] ».<br />

§ 11) - Ju<strong>les</strong> Verne revient sur la présentation du site : « Ce fut sur la rive gauche de ce rio, né<br />

des flancs du Roraima […] ». La dimension <strong>imaginaire</strong> de ce rio est renforcée par l’évocation<br />

du mythique Roraima que l’auteur situe d’ailleurs bien trop au sud de sa localisation réelle.<br />

§ 12) - l’auteur décrit maintenant le village <strong>et</strong> le site précis sur lequel il se développe : « Le<br />

village s’était établi au pied d’un cerro détaché de la sierra Parima […] ».<br />

§ 13) - Le romancier réduit enfin la perspective en décrivant l’église, située au centre du<br />

village, lui-même situé au milieu de ce qui était un désert : « Au pied d’un talus, sous <strong>les</strong><br />

ombrages d’un frais morichal, s’élevait l’église de Santa-Juana […] ».<br />

Les paragraphes suivants, <strong>et</strong> notamment <strong>les</strong> paragraphes 14 <strong>et</strong> 15, relèvent<br />

essentiellement de la chôra, de l’évocation de la manière dont le lieu est habité <strong>et</strong> comment ce<br />

dernier agit sur <strong>les</strong> individus :<br />

§ 14) - « C’était par l’Orénoque que, d’année en année, arrivait tout ce qu’avait exigé la<br />

création de c<strong>et</strong>te bourgade […] ».<br />

§ 15) - « Lorsque, du p<strong>et</strong>it clocher, pointant entre <strong>les</strong> arbres, s’échappaient <strong>les</strong> battements de<br />

la cloche, qui n’eût admiré l’empressement de ces indigènes, vêtus avec décence <strong>et</strong> respirant<br />

la bonne santé ? »<br />

Si l’on reprend <strong>les</strong> deux paragraphes que nous avons r<strong>et</strong>enus, on remarquera que Ju<strong>les</strong><br />

Verne commence le paragraphe XIV par la mise en relation de la Mission de Santa-Juana<br />

avec le reste du monde par l’intermédiaire de l’Orénoque (sans oublier l’<strong>imaginaire</strong> Rio<br />

Torrida) : « C’était par l’Orénoque que, d’année en année, arrivait tout ce qu’avait exigé la<br />

création de c<strong>et</strong>te bourgade […] ». La chôra exprime ici toute sa puissance par le truchement<br />

d’un fleuve réel (raccordé à la Mission par un affluent <strong>imaginaire</strong>) qui sert de mise en relation<br />

entre deux mondes 644 : par ce lien hydrographique la « bourgade » se développe <strong>et</strong> participe à<br />

la valorisation d’un territoire perdu, abandonné, comme ces misérab<strong>les</strong> indigènes à la<br />

réputation si redoutable.<br />

Également, c’est par une métaphore organiciste (filée) que Ju<strong>les</strong> Verne débute le<br />

paragraphe XV : « Lorsque, du p<strong>et</strong>it clocher, pointant entre <strong>les</strong> arbres, s’échappaient <strong>les</strong><br />

battements de la cloche, qui n’eût admiré l’empressement de ces indigènes, vêtus avec<br />

décence <strong>et</strong> respirant la bonne santé ? » Par c<strong>et</strong>te dernière, où « <strong>les</strong> battements de la cloche »<br />

644 N’oublions pas que Christophe Colomb pense voir <strong>dans</strong> <strong>les</strong> bouches de l’Orénoque <strong>les</strong> sources du « Paradis<br />

terrestre ».<br />

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