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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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capitaine Nemo <strong>et</strong> de son Nautilus. Celui-ci apparaît comme un « point suprême » dynamique<br />

contrairement à la statique des pô<strong>les</strong> ou des volcans :<br />

212<br />

- Il y a d’abord c<strong>et</strong>te carapace (une barrière psychologique) qui ne perm<strong>et</strong> pas de<br />

comprendre l’origine <strong>et</strong> l’énigme du capitaine Nemo. Ce dernier s’enferme <strong>dans</strong> un mutisme<br />

qui le rend de plus en plus sombre (voire schizophrène) avec le temps.<br />

- Ensuite, le Nautilus, deuxième carapace (une coquille 672 , une enveloppe physique<br />

supplémentaire) qui protège du monde le capitaine Nemo <strong>et</strong> lui perm<strong>et</strong> de se déplacer<br />

incognito. L’origine du Nautilus est aussi mystérieuse que celle de son concepteur. Le<br />

Nautilus est un lieu mouvant (mobilis in mobile) qui réunit des hommes aux aspirations<br />

éloignées : enfermement <strong>et</strong> repli sur soi pour le capitaine Nemo, ouverture vers un autre<br />

monde pour le professeur Aronnax. La dialectique de la réclusion <strong>et</strong> de la liberté illustre<br />

l’influence directe d’un lieu (le sous-marin) sur <strong>les</strong> individus. Habiter le Nautilus n’est pas<br />

chose facile pour <strong>les</strong> hôtes-prisonniers que sont le professeur Aronnax, Conseil <strong>et</strong> Ned Land.<br />

- Enfin, la mer/mère tout entière, qui protège le capitaine Nemo des autres hommes, de<br />

la terre. C<strong>et</strong>te mer protectrice <strong>et</strong> nourricière (comme l’île <strong>dans</strong> L’Île Mystérieuse) s’apparente<br />

à la mère, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te perspective l’eau qui entoure le capitaine Nemo renvoie au liquide<br />

amniotique. Ce voyage <strong>dans</strong> <strong>les</strong> océans ne serait alors qu’une forme de régression infantile, de<br />

r<strong>et</strong>our aux sources. Ces Vingt mille lieues sous <strong>les</strong> mers apparaissent comme un autre voyage<br />

<strong>dans</strong> le temps <strong>et</strong> l’espace symbolique <strong>et</strong> mythique. Grâce au Nautilus, le capitaine Nemo est<br />

maître de ce lieu vital qui peut relier encore ses hôtes-prisonniers à la terre : il peut rompre ce<br />

lien à tout moment, à moins qu’un événement (sur)naturel ne viennent perturber c<strong>et</strong> équilibre<br />

fragile. Et c’est la fin attendue, car au-dessus du capitaine préside toujours la puissance<br />

divine : le capitaine d’un bateau, d’un sous-marin n’est-il pas comme le veut la tradition seul<br />

« maître après Dieu » ?<br />

2 - … À l’extraordinaire sous-marin<br />

Le merveilleux <strong>géographique</strong> s’exprime avec force <strong>dans</strong> ce roman où l’on entre <strong>dans</strong><br />

l’<strong>imaginaire</strong> <strong>géographique</strong> dès lors que <strong>les</strong> héros se r<strong>et</strong>rouvent enfermés à l’intérieur du<br />

Nautilus. Dans le Voyage au centre de la Terre, le lien entre la surface <strong>et</strong> le centre de la terre<br />

se fait grâce à un volcan éteint. Ici, c’est le Nautilus qui conduit <strong>les</strong> héros vers un <strong>imaginaire</strong><br />

<strong>géographique</strong> essentiellement marin. La circularité <strong>dans</strong> le roman est manifeste (un Tour du<br />

672 Mo<strong>les</strong> Abraham ; Rohmer Elisab<strong>et</strong>h. Psychologie de l’espace. Paris : Casterman, 1978. 245 p. (en particulier<br />

le chapitre IV : Une typologie de l’espace propre : <strong>les</strong> coquil<strong>les</strong> de l’homme) ; Bachelard Gaston. La Poétique de<br />

l’espace. P.U.F., 1957. 214 p. (en particulier le chapitre V : la coquille).

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