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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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m’émerveillaient <strong>les</strong> beautés de ces régions nouvel<strong>les</strong>, je ne saurais l’exprimer » 744 . À<br />

l’époque de Ju<strong>les</strong> Verne, <strong>les</strong> nombreuses parties blanches sur <strong>les</strong> mappemondes activaient<br />

naturellement l’<strong>imaginaire</strong>, <strong>les</strong> représentations de ces mondes inconnus. Aujourd’hui, la<br />

technologie perm<strong>et</strong> d’englober d’un seul regard le monde <strong>dans</strong> son intégralité.<br />

Comment faire rêver de nos jours avec une discipline où <strong>les</strong> ang<strong>les</strong> morts de la<br />

connaissance semblent se réduire à une peau de chagrin ? Se poser la question, c’est faire un<br />

constat d’échec. Mais l’échec n’est pas là. L’intérêt des géographes pour l’étude de<br />

l’<strong>imaginaire</strong> montre que de nos jours aussi nous sommes capab<strong>les</strong> de revenir aux<br />

fondamentaux de la construction de notre discipline. Rechercher (<strong>géographique</strong>ment <strong>et</strong><br />

littérairement) <strong>les</strong> sources de l’Orénoque, c’est atteindre un « point suprême », c’est réfléchir<br />

sur <strong>les</strong> sources d’un fleuve dont le cours n’est pas linéaire : « Le passage du réel à<br />

l’<strong>imaginaire</strong> se fait insensiblement puisque la nature elle-même rêve <strong>et</strong> que l’homme finit par<br />

réaliser ces rêves mêmes, à moins grande échelle peut-être, avec moins de grandeur, mais<br />

plus parfaitement pourtant : il <strong>les</strong> achève, <strong>et</strong> il leur donne leur véritable fin. Il accomplit <strong>les</strong><br />

promesses qui sont inscrites à l’intérieur des choses » 745 . La littérature <strong>et</strong> l’<strong>imaginaire</strong><br />

peuvent être considérés comme de nouveaux « points suprêmes » de la <strong>Géographie</strong>, de<br />

nouveaux espaces à étudier, analyser, transm<strong>et</strong>tre.<br />

Dans <strong>les</strong> analyses que nous avons faites des romans de Ju<strong>les</strong> Verne, nous avons vu que<br />

la métaphore apparaît comme un « point suprême » de la littérature (<strong>dans</strong> son expression<br />

rhétorique), le volcan comme un « point suprême » de la géographie (<strong>dans</strong> sa dimension<br />

symbolique <strong>et</strong> mythique) <strong>et</strong> la circularité perm<strong>et</strong> de mieux circonscrire <strong>les</strong> limites<br />

« suprêmes » <strong>et</strong> symboliques qui assurent le passage d’un monde à l’autre (par exemple l’île,<br />

entre terre <strong>et</strong> mer). Ju<strong>les</strong> Verne, par l’<strong>imaginaire</strong>, l’ubiquité temporelle <strong>et</strong> <strong>géographique</strong>,<br />

résout <strong>dans</strong> ses romans de nombreuses antinomies, perm<strong>et</strong>tant la fusion de l’ici avec<br />

l’ailleurs. Élisab<strong>et</strong>h Falgon souligne que « l’ubiquité est installée sur des racines profondes,<br />

qui se nourrissent à des sources paradoxalement opposées, des mythes primitifs aux grands<br />

récits modernes, <strong>les</strong> premiers intégrant l’ici <strong>et</strong> l’ailleurs <strong>dans</strong> une même unité, <strong>les</strong> seconds <strong>les</strong><br />

dissociant. La réflexion contemporaine tendrait vers la recherche d’une réunification sur des<br />

bases scientifiques c<strong>et</strong>te fois-ci, c’est-à-dire en tenant compte des apports de la modernité sur<br />

<strong>les</strong> notions de suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> d’obj<strong>et</strong> » 746 .<br />

744 Verne Ju<strong>les</strong>. Vingt mille lieues sous <strong>les</strong> mers (1869-70). Chapitre XIII, Seconde Partie.<br />

745 Butor Michel. « Le point suprême <strong>et</strong> l’âge d’or à travers quelques œuvres de Ju<strong>les</strong> Verne », op. cit, p. 41.<br />

746 Falgon Élisab<strong>et</strong>h. « L’ici <strong>et</strong> l’ailleurs. Les mots pour le dire ». In : Hegoa, n° 18, 1995. p. 27.<br />

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