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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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questionnements actuels, accentués par des bouleversements écologiques où l’homme a sa<br />

part de responsabilité. C’est pourquoi il est intéressant de souligner comment <strong>les</strong> <strong>Voyages</strong><br />

Extraordinaires, en leur temps, soulevaient déjà ces multip<strong>les</strong> interrogations si complexes.<br />

58<br />

4 - L’écologie humaine <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>Voyages</strong> Extraordinaires<br />

Si la science, la technique, <strong>les</strong> dernières révolutions perm<strong>et</strong>tent à l’homme de parcourir<br />

le monde, d’accéder à des lieux autrefois interdits, impossib<strong>les</strong>, il n’en demeure pas moins<br />

que ce dernier doit agir en respectant certaines règ<strong>les</strong>. Le constat d’un équilibre rompu date<br />

déjà du XIX ème siècle. Ju<strong>les</strong> Verne en fait écho systématiquement <strong>dans</strong> ses romans : « Il faut<br />

en convenir, Messieurs, grâce aux progrès de la science, toute confusion entre l’histoire <strong>et</strong> la<br />

légende tend à devenir de plus en plus impossible. L’une finit par faire justice de l’autre.<br />

Celle-ci appartient aux poètes, celle-là appartient aux savants <strong>et</strong> chacun d’eux possède une<br />

clientèle spéciale. Tout en reconnaissant <strong>les</strong> mérites de la légende, aujourd’hui je suis obligé<br />

de la reléguer <strong>dans</strong> le domaine de l’imagination <strong>et</strong> d’en revenir aux réalités prouvées par <strong>les</strong><br />

observations scientifiques » 194 . Ce terrible constat est fait <strong>dans</strong> L’Invasion de la mer (1905),<br />

roman où Ju<strong>les</strong> Verne s’inspire d’un proj<strong>et</strong> réel, celui du capitaine Roudaire qui en 1874<br />

propose de créer, au sud de l’Algérie, une mer intérieure qu’un canal relié à la Mer<br />

Méditerranée viendrait alimenter. Dans le roman, le proj<strong>et</strong> prend forme en Tunisie. Mais ce<br />

dernier ne manque pas de modifier la géographie <strong>et</strong> l’équilibre économique de la région : <strong>les</strong><br />

Touareg s’en inquiètent vivement 195 . Ju<strong>les</strong> Verne n’est pas forcément convaincu, <strong>dans</strong> son<br />

récit, de la pertinence <strong>et</strong> des conséquences humaines d’un tel proj<strong>et</strong>. L’utopie saint-<br />

simonienne laisse désormais place à la préservation d’un équilibre écologique qui pourrait<br />

bientôt être rompu.<br />

Ju<strong>les</strong> Verne considère que l’attitude de l’homme doit changer : <strong>les</strong> dernières<br />

révolutions scientifiques <strong>et</strong> techniques, si el<strong>les</strong> lui donnent un sentiment de puissance, ne<br />

doivent pas pour autant lui faire oublier qu’il a désormais plus de devoirs envers la nature que<br />

de droits. Robur déclare à la fin de son périple : « Je pars donc, <strong>et</strong> j’emporte mon secr<strong>et</strong> avec<br />

moi. Mais il ne sera pas perdu pour l’humanité. Il lui appartiendra le jour où elle sera assez<br />

194<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. L’Invasion de la mer (1905). Chapitre IV. Ce roman est le dernier dont l’auteur a relu <strong>les</strong><br />

épreuves en vue de sa publication.<br />

195<br />

L’<strong>imaginaire</strong> de l’auteur passe aussi par sa capacité à déplacer <strong>les</strong> Touaregs en Tunisie, alors qu’ils sont<br />

initialement présents <strong>dans</strong> le sud algérien. Il s’en justifie d’ailleurs <strong>dans</strong> le chapitre II.

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