17.07.2013 Views

Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

aison aux deux protagonistes. Simplement, à la fin du périple, Axel devient l’égal du<br />

professeur Lidenbrock, <strong>et</strong> peut se marier enfin avec Graüben.<br />

La circularité <strong>dans</strong> ce voyage est double <strong>et</strong> complète. Réelle, car au point de départ<br />

correspond également le point d’arrivée (la ville de Hambourg, en Allemagne). Symbolique,<br />

car <strong>les</strong> héros en remontant l’échelle des temps géologiques bouclent un voyage temporel par<br />

ce r<strong>et</strong>our vers <strong>les</strong> sources de l’homme <strong>et</strong> de l’animal. La boucle <strong>géographique</strong> <strong>et</strong> géologique<br />

réalisée est réelle (avec une partie <strong>imaginaire</strong>, certes entre l’îlot Axel <strong>et</strong> la base du Stromboli)<br />

alors que sa déclinaison temporelle est essentiellement <strong>imaginaire</strong> <strong>et</strong> symbolique (le voyage<br />

<strong>dans</strong> le temps).<br />

Axel, le narrateur, emploie également de très nombreux procédés rhétoriques <strong>dans</strong> ce<br />

roman pour décrire <strong>les</strong> paysages invraisemblab<strong>les</strong> parcourus par <strong>les</strong> héros : « En eff<strong>et</strong>, je me<br />

trouvais en présence de produits de la terre, mais taillés sur un patron gigantesque. Mon<br />

oncle <strong>les</strong> appela immédiatement de leur nom. « Ce n’est qu’une forêt de champignons », dit-<br />

il » 656 . La célèbre forêt de champignons évoquée par Ju<strong>les</strong> Verne revêt ici des proportions<br />

gigantesques. L’auteur utilise ici le principe du merveilleux hyperbolique (exagération des<br />

éléments narrés) pour décrire des forêts littéralement « extraordinaires ».<br />

Les comparaisons <strong>et</strong> <strong>les</strong> métaphores architectura<strong>les</strong> alimentent également <strong>les</strong><br />

descriptions verniennes, renvoyant à un champ lexical familier au lecteur du XIX ème siècle :<br />

« Parfois une succession d’arceaux se déroulait devant nos pas comme <strong>les</strong> contre-nefs d’une<br />

cathédrale gothique. Les artistes du Moyen Âge auraient pu étudier là toutes <strong>les</strong> formes de<br />

c<strong>et</strong>te architecture religieuse qui a l’ogive pour générateur. Un mille plus loin, notre tête se<br />

courbait sous <strong>les</strong> cintres surbaissés du style roman, <strong>et</strong> de gros piliers engagés <strong>dans</strong> le massif<br />

pliaient sous la r<strong>et</strong>ombée des voûtes » 657 . La dimension sacrée de la caverne décrite est ici<br />

transparente : l’homme pénètre <strong>dans</strong> un lieu saint qu’il doit respecter, d’autant plus que c<strong>et</strong>te<br />

caverne est directement l’œuvre de la Nature, non de l’homme (à l’inverse d’une cathédrale).<br />

Les trois éléments que nous avons r<strong>et</strong>enus (métaphores, volcans <strong>et</strong> circularité)<br />

commandent l’ensemble de la production vernienne. Ce Voyage au centre de la Terre<br />

remonte symboliquement <strong>les</strong> strates de l’écriture vernienne jusqu’aux sources d’une<br />

inspiration qui ouvre le passage d’une géographie du réel (la surface de la terre) à une<br />

géographie <strong>imaginaire</strong>, symbolique <strong>et</strong> mythique (le centre de la terre, le « point suprême »).<br />

La circularité y est notable : <strong>géographique</strong>ment (géologiquement ici), par le volcan,<br />

littérairement par la métaphore.<br />

656 Verne Ju<strong>les</strong>. Voyage au centre de la Terre, 1867. Chapitre XXX.<br />

657 Ibid., Chapitre XIX.<br />

205

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!