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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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monts Grampians, sur <strong>les</strong> bords de la mer Lidenbrock) <strong>et</strong> ailleurs-maintenant (sous le<br />

Stromboli, à proximité de la cheminée volcanique qui va leur perm<strong>et</strong>tre de revenir à la surface<br />

de la terre). Il en découle une deuxième forme d’ubiquité, celle-ci <strong>géographique</strong>, qui renforce<br />

la symbolique de ce voyage mythique <strong>et</strong> doublement <strong>imaginaire</strong>. Au même moment, ils se<br />

r<strong>et</strong>rouvent ainsi à deux endroits différents (<strong>et</strong> indirectement, à deux époques différentes,<br />

puisque évidemment <strong>les</strong> strates géologiques décrites sous <strong>les</strong> monts Grampians ne<br />

correspondent en rien à cel<strong>les</strong> décrites sous le Stromboli).<br />

204<br />

- L’ailleurs-avant correspond à la fin de ce voyage <strong>imaginaire</strong> réalisé par <strong>les</strong> héros de<br />

Ju<strong>les</strong> Verne jusqu’au centre de la Terre, sous le Stromboli (alors qu’il sont théoriquement<br />

sous <strong>les</strong> monts Grampians). C’est à partir de là que Ju<strong>les</strong> Verne lance ses personnages sur <strong>les</strong><br />

traces d’un homme fossile <strong>et</strong> à la rencontre d’un homme préhistorique vivant. L’échelle des<br />

temps géologiques est remontée jusqu’à son somm<strong>et</strong> occupé par l’homme, un homme<br />

préhistorique que <strong>les</strong> héros de Ju<strong>les</strong> Verne rencontrent, sans pour autant chercher à<br />

communiquer avec lui. Dans ce passage, le romancier fait directement référence à la<br />

découverte de Boucher de Perthes en 1863 <strong>dans</strong> la Somme. Pour en rendre compte, l’auteur<br />

n’hésite pas en 1867 à rajouter quelques chapitres à l’édition originale de son Voyage au<br />

centre de la Terre (1864).<br />

Dans ce roman, deux volcans assurent l’accomplissement du voyage. Le premier est<br />

un volcan éteint (le Snaeffels, en Islande), le second en activité (le Stromboli, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> î<strong>les</strong><br />

éoliennes). La structure mythique <strong>et</strong> symbolique du volcan perm<strong>et</strong> à Ju<strong>les</strong> Verne le passage<br />

vers c<strong>et</strong> autre monde (du profane vers le sacré), vers c<strong>et</strong>te autre temporalité. C’est par le<br />

volcan que Ju<strong>les</strong> Verne déplace <strong>les</strong> curseurs chronotopiques : de l’ici (la surface de la terre ; le<br />

profane) on passe à l’ailleurs (le centre de la terre ; le sacré). Le volcan autorise aussi le<br />

voyage <strong>dans</strong> le temps : du maintenant (la narration du récit sous forme d’un carn<strong>et</strong> de bord),<br />

on passe à l’avant (la paléogéographie que nous évoquions précédemment). Toute une<br />

symbolique mythique <strong>et</strong> <strong>géographique</strong> s’exprime <strong>dans</strong> <strong>les</strong> relations que l’on voit à ces deux<br />

volcans. Les héros atterrissent à la fin de leur périple en pleine mer Méditerranée. Mais s’ils<br />

n’atteignent pas le centre physique de la terre (leur descente ne dépasse pas <strong>les</strong> 120<br />

kilomètres), ils atteignent cependant le centre mythique du monde antique. Les limites de la<br />

mer Méditerranée correspondant aux limites du monde tel qu’il était pensé durant la période<br />

antique, <strong>les</strong> héros de Ju<strong>les</strong> Verne, par leur voyage r<strong>et</strong>our, se r<strong>et</strong>rouvent symboliquement au<br />

centre de la terre - le centre du monde antique - dont l’accès est condamné physiquement par<br />

<strong>les</strong> théories en vigueur à l’époque. L’opposition entre Axel <strong>et</strong> le professeur Lidenbrock<br />

reprennent <strong>les</strong> deux théories alors en présence ; la symbolique du voyage donnera finalement

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