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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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<strong>les</strong> récits de Christophe Colomb » 533 . Élisée Reclus écrit quant à lui : « « Colomb n’avait-il<br />

pas déjà dit que l’Orénoque sortait du « Paradis Terrestre » ! Ils allaient donc à la recherche<br />

de ce lieu merveilleux d’où leurs premiers ancêtres avaient été chassés par l’Archange, <strong>et</strong> nul<br />

insuccès ne <strong>les</strong> rebutait <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te poursuite de l’inconnu : pas une légende indienne, pas une<br />

hallucination de soldat égaré, pas un mirage de l’horizon lointain qui ne fit apparaître aux<br />

yeux avides des chercheurs espagnols l’image de la cité merveilleuse où régnait l’Homme<br />

d’Or, le puissant Dorado ! Pendant plus d’un siècle, toutes <strong>les</strong> expéditions faites à l’est des<br />

Andes, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> bassins de l’Orénoque <strong>et</strong> de l’Amazone, se laissèrent guider par c<strong>et</strong>te vision<br />

magique » 534 .<br />

148<br />

Le premier constat à faire est c<strong>et</strong>te double référence réalisée par Ju<strong>les</strong> Verne. Il cite ici<br />

directement Christophe Colomb sans préciser qu’il le fait sous l’autorité d’Élisée Reclus (cf.<br />

supra). Le lecteur peut naïvement penser que l’auteur a lu (ce qui est peut-être le cas<br />

d’ailleurs) le récit de Christophe Colomb. Mais en l’occurrence, la référence est faite par une<br />

source intermédiaire, celle d’Élisée Reclus.<br />

Élisée Reclus rapporte ensuite c<strong>et</strong>te légende du « Paradis terrestre » sur laquelle nous<br />

reviendrons plus tard, car l’<strong>imaginaire</strong> <strong>et</strong> hypothétique Mission de Santa-Juana se développe<br />

aux sources de l’Orénoque, précisément là où l’on pensait autrefois r<strong>et</strong>rouver c<strong>et</strong> Éden<br />

terrestre. De même, le Père Espérante, qui a fondé c<strong>et</strong>te mission, est véritablement « adoré »<br />

(Dorado) par <strong>les</strong> gens qui l’entourent. La création par Ju<strong>les</strong> Verne de c<strong>et</strong> espace <strong>géographique</strong><br />

<strong>imaginaire</strong> <strong>et</strong> mythique renvoie directement à ces rapports complexes de l’homme à la terre,<br />

tels que <strong>les</strong> analyse notamment Éric Dardel <strong>dans</strong> son célèbre ouvrage : L’homme <strong>et</strong> la terre 535 .<br />

On notera au passage comment le géographe français utilise à deux reprises l’adjectif<br />

« merveilleux » pour qualifier le territoire où s’établit théoriquement c<strong>et</strong> Eldorado (« de ce<br />

lieu merveilleux » ; « la cité merveilleuse »).<br />

Au début du chapitre III du tome XVIII de la N.G.U., Élisée Reclus développe c<strong>et</strong>te<br />

légende en rappelant sa dimension mythique <strong>et</strong> sa localisation <strong>géographique</strong> : « On donne à<br />

l’ensemble de c<strong>et</strong>te région accidentée [Les régions montueuses autours desquel<strong>les</strong> le cours de<br />

l’Orénoque décrit un immense demi-cercle] <strong>les</strong> noms de Párima ou Párime, en souvenir du<br />

lac mythique de la « Grande Eau » ou Párima qu’aurait habité jadis le Dorado ou<br />

l’« Homme Doré », <strong>dans</strong> un palais d’escarbouc<strong>les</strong>, de métaux précieux, que Walter Raleigh <strong>et</strong><br />

tant d’autres conquérants cherchèrent à découvrir. La sierra que <strong>les</strong> géographes s’accordent<br />

533 Verne Ju<strong>les</strong>. Le Superbe Orénoque, op. cit., p. 51.<br />

534 Reclus Élisée. Nouvelle <strong>Géographie</strong> Universelle, op. cit., p. 15.<br />

535 Dardel Éric. L’homme <strong>et</strong> la terre, op. cit. Voir notamment <strong>les</strong> pages 98 à 108.

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