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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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mon brave Conseil, ce qui allonge singulièrement <strong>les</strong> jours bibliques. D’ailleurs, la formation<br />

de la houille, c’est-à-dire la minéralisation des forêts enlisées par <strong>les</strong> déluges, a exigé un<br />

temps beaucoup plus considérable. Mais j’ajouterai que <strong>les</strong> jours de la Bible ne sont que des<br />

époques <strong>et</strong> non l’intervalle qui s’écoule entre deux levers de soleil, car, d’après la Bible elle-<br />

même, le soleil ne date pas du premier jour de la création » 203 .<br />

60<br />

Les héros verniens découvrent ces paysages grâce au Nautilus. Ce dernier fait partie de<br />

ces machines « oïkologiques » (écologique <strong>et</strong> habité, littéralement <strong>et</strong> étymologiquement) : ne<br />

fonctionnant qu’à l’électricité, le sous-marin ne pollue absolument pas l’environnement <strong>dans</strong><br />

lequel il se déplace. Le capitaine Nemo vit uniquement avec ce que lui donne la mer, il ne<br />

prend que ce dont il a besoin. L’attitude de l’homme est exemplaire, mais elle à une limite :<br />

lorsque ce dernier voit un navire de la marine britannique, son passé sombre resurgit rompant<br />

le fragile équilibre qu’il avait pourtant su instaurer jusque-là. Son engin écologique devient<br />

une puissante arme de guerre qui va détruire de pauvres innocents, dont le seul tort est d’avoir<br />

croisé la route du capitaine. La nature est belle ; la nature humaine l’est beaucoup moins.<br />

Ju<strong>les</strong> Verne en fait le terrible constat tout au long de son œuvre, nous rappelant c<strong>et</strong>te angoisse<br />

du progrès mis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> mains de l’homme avide de pouvoir. Bernard Duperrein soulignait à<br />

juste titre <strong>dans</strong> la préface de notre essai : « L’étrave du Nautilus éperonne <strong>les</strong> steamers<br />

épouvantés : il n’est « écologique » qu’en immersion ! » 204 .<br />

Le regard de l’homme sur la nature apporte un éclairage complémentaire sur l’état<br />

d’esprit qui anime l’auteur lorsqu’il écrit ses romans. L’homme est celui qui peut rompre<br />

l’équilibre. L’équilibre écologique est fragile. Dans c<strong>et</strong>te perspective se pose une nouvelle<br />

question : comment appréhender c<strong>et</strong>te nature où l’homme évolue ? Comment habiter l’espace<br />

sans rompre l’équilibre initial ?<br />

B) - Être ou ne pas être, ou comment appréhender la nature<br />

La première nuance à relever - Laurence Sudr<strong>et</strong> l’a soulignée <strong>dans</strong> ses travaux - est la<br />

distinction à opérer entre admiration <strong>et</strong> contemplation. L’attitude admirative vis-à-vis de la<br />

nature consiste à considérer c<strong>et</strong>te dernière comme un simple décor, un support <strong>dans</strong> lequel<br />

évoluent des personnages. Elle ne sert que de faire-valoir 205 (son rôle est essentiellement<br />

203<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. Vingt mille lieues sous <strong>les</strong> mers (1869-70). Chapitre XIX, Première Partie.<br />

204<br />

Duperrein Bernard. Préface à (Dupuy Lionel) Ju<strong>les</strong> Verne, l’homme <strong>et</strong> la terre. La mystérieuse géographie<br />

des <strong>Voyages</strong> Extraordinaires, op. cit.<br />

205<br />

Il en est de même avec <strong>les</strong> « inventions » de Ju<strong>les</strong> Verne : le Nautilus est le faire-valoir de Nemo, l’Épouvante<br />

de Robur, <strong>et</strong>c.

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