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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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vous proposer, mes braves collègues, de tenter c<strong>et</strong>te p<strong>et</strong>ite expérience ! » 422 ; « Étant donné la<br />

propension de l’esprit humain vers l’extraordinaire, souvent même vers l’impossible,<br />

personne n’en voulut plus douter. Non seulement c’était le même inventeur, mais c’était le<br />

même appareil » 423 ; « Telle est c<strong>et</strong>te neuvième merveille du monde, ce chef d’œuvre du génie<br />

humain, digne du vingtième siècle, dont deux violons, un alto <strong>et</strong> un violoncelle sont<br />

actuellement <strong>les</strong> hôtes, <strong>et</strong> que Standard-Island emporte vers <strong>les</strong> parages occidentaux de<br />

l’Océan Pacifique » 424 .<br />

Le quatrième type de merveilleux « excusé » est le merveilleux scientifique. Dans ce<br />

cas « […] le surnaturel est expliqué d’une manière rationnelle mais à partir de lois que la<br />

science contemporaine ne reconnaît pas » 425 . Ce type de récit est l’ancêtre de la science-<br />

fiction actuelle 426 , dont Ju<strong>les</strong> Verne, déjà en son temps ne se réclamait absolument pas.<br />

Comparant son œuvre à celle de H. G. Wells, le romancier déclarait : « Mais je ne vois pas de<br />

comparaison possible entre son œuvre <strong>et</strong> la mienne. Nous ne procédons pas de la même<br />

manière. Je trouve que ses romans ne reposent pas sur des bases scientifiques. Non, il n’y a<br />

pas de rapport entre son travail <strong>et</strong> le mien. J’utilise la physique, lui, invente. Je vais sur la<br />

lune <strong>dans</strong> un boul<strong>et</strong> de canon, lancé par un canon. Là, il n’y a pas d’invention. Il va sur Mars<br />

<strong>dans</strong> un aéronef qu’il construit <strong>dans</strong> un métal qui abolit <strong>les</strong> lois de la gravitation. Ça c’est<br />

très joli, s’écria Monsieur Verne sur un ton animé, mais montrez-le moi ce métal. Qu’il me le<br />

fabrique » 427 .<br />

Toute la science <strong>et</strong> la technique utilisées par Ju<strong>les</strong> Verne <strong>dans</strong> ses romans existent déjà<br />

quand le romancier écrit ses textes : « Dans mes romans, j’ai toujours fait en sorte d’appuyer<br />

mes prétendues inventions sur une base de faits réels, <strong>et</strong> d’utiliser pour leur mise en œuvre<br />

des méthodes <strong>et</strong> des matériaux qui n’outrepassent pas <strong>les</strong> limites du savoir-faire <strong>et</strong> des<br />

connaissances techniques contemporaines. Prenez, par exemple, le cas du Nautilus. Celui-ci,<br />

tout bien considéré, a un mécanisme de sous-marin qui n’a rien de vraiment extraordinaire,<br />

<strong>et</strong> qui ne dépasse pas non plus <strong>les</strong> limites des connaissances scientifiques actuel<strong>les</strong> » 428 .<br />

Simone Vierne, spécialiste de l’auteur, souligne d’ailleurs : « Pour être juste, il faut dire que,<br />

422<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. De la Terre à la Lune (1865), Chapitre II. Douze mille yards représentent environ 11000 mètres.<br />

423<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. Maître du Monde (1904), Chapitre VII. Le proj<strong>et</strong> d’un engin à la fois sous-marin, automobile <strong>et</strong><br />

aérien existait déjà à l’époque de Ju<strong>les</strong> Verne. Alphonse Penaud (1850-1880), que Ju<strong>les</strong> Verne cite au chapitre III<br />

de Robur-le-Conquerant, avait dessiné <strong>les</strong> plans d’un aéroplane amphibie à moteur à hydrocarbure (1873).<br />

424<br />

Verne Ju<strong>les</strong>. L’Île à hélice (1895), Chapitre V. Première partie. Notons que ce proj<strong>et</strong> est actuellement en cours<br />

de réalisation. Ju<strong>les</strong> Verne ne s’est trompé que d’un siècle, mais le proj<strong>et</strong> existait déjà à son époque.<br />

425<br />

Todorov Tzv<strong>et</strong>an. Introduction à la littérature fantastique, op. cit., p. 61.<br />

426<br />

Ibid., p. 62.<br />

427<br />

Compère Daniel ; Margot Jean-Michel. Entr<strong>et</strong>iens avec Ju<strong>les</strong> Verne 1873-1905, op. cit., p. 199.<br />

428 Ibid., p. 136.<br />

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