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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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calculé à l’avance. Ju<strong>les</strong> Verne sait exactement à quel moment <strong>et</strong> à quel endroit il va<br />

introduire - <strong>dans</strong> une juste proportion - ses éléments <strong>imaginaire</strong>s.<br />

2 - L’exotisation du territoire : aux frontières du merveilleux<br />

La deuxième forme de décrochage que nous pouvons relever, après l’extrapolation, est<br />

de celle de l’« exotisation » d’un territoire. C<strong>et</strong>te mise en exotisme, c<strong>et</strong>te insertion d’éléments<br />

exotiques <strong>dans</strong> un récit classique participe de la production d’un discours qui souligne la<br />

capacité de l’auteur à créer un espace <strong>géographique</strong> merveilleux. Ce deuxième procédé<br />

perm<strong>et</strong> à Ju<strong>les</strong> Verne d’introduire une première forme de récit merveilleux, fondé sur le<br />

merveilleux exotique. Nous r<strong>et</strong>iendrons ici l’exemple du merveilleux botanique pour illustrer<br />

c<strong>et</strong>te deuxième forme de décrochage.<br />

Les territoires décrits par Ju<strong>les</strong> Verne, s’inspirant des travaux d’Élisée Reclus <strong>et</strong> de<br />

Jean Chaffanjon, sont recouverts d’une végétation luxuriante pour le lecteur européen, peu<br />

habitué à pratiquer ces espaces sud-américains. Il est intéressant de voir à quel point Ju<strong>les</strong><br />

Verne se détache de ses sources littéraires en insérant volontairement des éléments<br />

bio<strong>géographique</strong>s qui ne correspondent en rien à la réalité décrite par l’explorateur <strong>et</strong> le<br />

géographe français.<br />

Avant d’arriver à Danaco, le narrateur décrit en ces termes <strong>les</strong> rives situées après l’île<br />

de Luna : « On avait dépassé l’île de Luna, remonté le fleuve entre <strong>les</strong> rives bordées<br />

d’épaisses palmeraies, n’ayant eu d’autre difficulté que de franchir un p<strong>et</strong>it raudal qu’on<br />

appelle « la Traversée du Diable ». Seulement, le diable ne s’était pas mis en travers » 568 . Or,<br />

Jean Chaffanjon décrivant <strong>les</strong> mêmes rives, ne parle que de « forêts impénétrab<strong>les</strong> » 569 .<br />

D’ailleurs, deux Indiens qui accompagnent l’explorateur lui affirment que « personne n’a<br />

jamais traversé c<strong>et</strong>te sylve » 570 . En fait Ju<strong>les</strong> Verne reprend ici <strong>les</strong> propos de Chaffanjon qui<br />

déclare, alors qu’il est en amont de Danaco : « Nous remarquons que l’Orénoque se fait plus<br />

riche en palmiers » 571 . Le romancier adapte son dispositif botanique en modifiant <strong>les</strong><br />

informations fournies par Chaffanjon. L’extrapolation de Ju<strong>les</strong> Verne demeure toujours<br />

plausible, vraisemblable, mais elle repose surtout sur une information ultérieure. Car<br />

l’information première <strong>et</strong> directe donnée par Chaffanjon précise bien que c<strong>et</strong>te portion de<br />

l’Orénoque est couverte de « forêts impénétrab<strong>les</strong> », ce que Ju<strong>les</strong> Verne reprend en évoquant<br />

568 Ibid., p. 382.<br />

569 Chaffanjon Jean. L’Orénoque <strong>et</strong> le Caura, op. cit., p. 196.<br />

570 Ibid.<br />

571 Ibid., p. 201.<br />

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