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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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La circularité <strong>dans</strong> ce récit s’exprime d’abord au travers des contours <strong>imaginaire</strong>s de<br />

l’île, ensuite par le r<strong>et</strong>our aux sources effectué par <strong>les</strong> héros qui réinventent tous <strong>les</strong> gestes<br />

accomplis depuis l’aube de l’humanité, enfin par la rencontre avec le capitaine Nemo qui<br />

dévoile tous <strong>les</strong> secr<strong>et</strong>s de l’île <strong>et</strong> de sa propre histoire : Nemo n’est plus un homme sans nom.<br />

La circularité est <strong>géographique</strong> <strong>et</strong> littéraire car Ju<strong>les</strong> Verne joue sur le lien intertextuel que<br />

représente le capitaine Nemo pour m<strong>et</strong>tre en relation deux récits complémentaires : L’Île<br />

Mystérieuse apparaît ici comme le pendant « terrestre », « physique », du roman « maritime »,<br />

« liquide » Vingt mille lieues sous <strong>les</strong> mers. Dans c<strong>et</strong> intertexte, le capitaine Nemo tient le rôle<br />

d’intermédiaire, de cordon ombilical (comme l’<strong>imaginaire</strong> Rio Torrida <strong>dans</strong> Le Superbe<br />

Orénoque) entre deux romans, deux mondes qui tendent à se juxtaposer à la fois <strong>dans</strong> l’espace<br />

<strong>et</strong> <strong>dans</strong> le temps. Le centre de l’île (volcanique) se prépare à expulser <strong>les</strong> colons (à accoucher<br />

des colons autrement dit) qui ne sont sur c<strong>et</strong>te île <strong>imaginaire</strong> que pour un temps compté, le<br />

temps de la gestation terrestre.<br />

Les réflexions philosophiques alimentent ce récit vernien, <strong>et</strong> notamment l’une d’entre<br />

el<strong>les</strong> - que nous avions déjà relevée - où le narrateur déclare avec force <strong>et</strong> conviction : « […]<br />

ainsi est-il du cœur de l’homme. Le besoin de faire œuvre qui dure, qui lui survive, est le<br />

signe de sa supériorité sur tout ce qui vit ici-bas. C’est ce qui a fondé sa domination, <strong>et</strong> c’est<br />

ce qui la justifie <strong>dans</strong> le monde entier » 685 . Michel Butor déclare à propos de ce roman :<br />

« Tous <strong>les</strong> thèmes que nous avons effleurés jusqu’à présent [<strong>les</strong> quatre éléments, le point<br />

suprême, le volcan, le centre de la terre, <strong>et</strong>c.], se r<strong>et</strong>rouvent, sans exception, <strong>dans</strong> L’Île<br />

Mystérieuse, mais amplifiés par de nouvel<strong>les</strong> perspectives » 686 . Ce roman, comme <strong>les</strong> autres<br />

que nous avons présentés, perm<strong>et</strong> de mieux appréhender l’univers de Ju<strong>les</strong> Verne, ses thèmes<br />

récurrents, <strong>les</strong> structures qu’il utilise pour développer un <strong>imaginaire</strong> <strong>géographique</strong>, son<br />

<strong>imaginaire</strong> <strong>géographique</strong>. L’Île Mystérieuse est un lieu <strong>imaginaire</strong>, un « point suprême » qui<br />

tend à résoudre toutes <strong>les</strong> antinomies, où s’exprime efficacement le couple topos / chôra.<br />

D) - Le roman <strong>géographique</strong> <strong>et</strong> pédagogique : Les Enfants du capitaine Grant (1867-68)<br />

Nous avons essayé de montrer <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te thèse comment <strong>les</strong> <strong>Voyages</strong> Extraordinaires<br />

participent du roman <strong>géographique</strong>, comment ils sont toujours fortement structurés par une<br />

puissante trame <strong>géographique</strong>. Dans <strong>les</strong> récits verniens, la dimension <strong>géographique</strong><br />

685 Ibid., Chapitre XV, Troisième Partie.<br />

686 Butor Michel. Le point suprême <strong>et</strong> l’âge d’or à travers quelques œuvres de Ju<strong>les</strong> Verne, op. cit., p. 69.

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