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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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celle d’une montagne où une équipe d’exploration est à la recherche de plantes<br />

préhistoriques <strong>et</strong> de dinosaures censés avoir vécu isolés <strong>et</strong> être restés <strong>les</strong> mêmes depuis des<br />

millions d’années sur le somm<strong>et</strong> des montagnes. Conan-Doyle a été inspiré par le botaniste<br />

britannique Everard Im Thurn qui, le 18 décembre 1884, avec Harry Perkins, fut le premier à<br />

atteindre le somm<strong>et</strong> du Mont Roraima. Im Thurn <strong>et</strong> Perkins n’étaient cependant pas <strong>les</strong><br />

premiers Européens à voir le Mont Roraima, car la première découverte revient à Robert<br />

Schomburgk, un explorateur <strong>et</strong> scientifique allemand qui a exploré la région pour la Royal<br />

Geographical Soci<strong>et</strong>y en 1838. Quand Im Thurn revient en Europe pour donner des<br />

conférences relatives à son expédition, Conan-Doyle était présent à l’une d’el<strong>les</strong> <strong>et</strong> fut fasciné<br />

par le récit qui activa son imagination débordante » 617 .<br />

Le territoire décrit par Ju<strong>les</strong> Verne, sous forme poétique, s’inscrit entre le mythique<br />

Eldorado au Sud <strong>et</strong> le mystérieux Mont Roraima au Nord (quitte à devoir déplacer certaines<br />

montagnes). Il précise cependant que nous sommes bien au Venezuela (« portion du<br />

Venezuela »), mais <strong>dans</strong> une autre dialectique de l’espace <strong>et</strong> du temps. L’auteur utilise à<br />

nouveau l’anaphore (le possessif « son ») pour insister sur la désolation de ce territoire à la<br />

marge : « son inutilité, son abandon ». La transformation du chaos en cosmos est l’œuvre du<br />

Père Espérante : « lorsqu’un étranger, un missionnaire, entreprit de la transformer. » Michel<br />

Roux reconnaît <strong>dans</strong> ces gestes fondateurs l’efficacité d’un démiurge : « Chaque individu<br />

617 Elms Lindsay. Mount Roraima : An Island Forgotten by Time.<br />

http://members.shaw.ca/beyondnootka/artic<strong>les</strong>/roraima.html [site consulté le 1 er Septembre 2009] : « Mount<br />

Roraima was made famous in 1912 when Sir Arthur Conan-Doyle wrote his fictional novel entitled The Lost<br />

World. It describes the ascent of a Roraima-like mountain by an exploratory party in search of prehistoric plants<br />

and dinosaurs that were believed to live isolated and unchanged for millions of years on the mountains summit.<br />

Conan-Doyle was inspired by the British botanist Everard Im Thurn who on December 18, 1884 with Harry<br />

Perkins, was the first to reach the summit of Mount Roraima. Im Thurn and Perkins were not the first Europeans<br />

to see Mount Roraima, that goes to Robert Schomburgk, a German born explorer and scientist who explored the<br />

region for Britains’s Royal Geographical Soci<strong>et</strong>y in 1838. When Im Thurn r<strong>et</strong>urned to Europe to present<br />

lectures on his expedition, Conan-Doyle attended one of his shows and was fascinated by the account, allowing<br />

his fervent imagination to wander ».<br />

Quant à la filiation Ju<strong>les</strong> Verne / Conan Doyle, elle a fait l’obj<strong>et</strong> de nombreuses études, dont notamment :<br />

- Guillaud Lauric. « Du Voyage au centre de la Terre au Monde perdu ». In : Cahiers du Centre d’Études<br />

Verniennes <strong>et</strong> du Musée Ju<strong>les</strong> Verne, n° 2. Société des Amis de la Bibliothèque, 1982. p. 1-12.<br />

- « Entre Venezuela, Guyana <strong>et</strong> Brésil. Le monde perdu de Conan Doyle ». In : Courrier International n° 901,<br />

2008. p. 54-56.<br />

- Penaud Maurice « À propos de fossi<strong>les</strong> vivants ». In : Pierre Citti ; Muriel Détrie (dir.). Le Champs littéraire.<br />

Paris : Vrin, 1992. p. 56 <strong>et</strong> 57 : « La d<strong>et</strong>te de Conan Doyle envers Ju<strong>les</strong> Verne est énorme. Les héros du Monde<br />

perdu remontent jusqu’à Manaos l’Amazone de La Jangada, puis un affluent : on r<strong>et</strong>rouve ici la marque du<br />

Superbe Orénoque. Par le tunnel de Candide on aborde l’autre monde, monde renversé où <strong>les</strong> diamants n’ont<br />

aucune valeur... Quant au monde perdu lui-même, c’est une projection sublunaire du monde souterrain du<br />

Voyage au centre de la terre [...] Mais comment ne pas attirer prioritairement l’attention sur le calque (nous<br />

avons pesé le mot) du Village aérien ? Plusieurs pages n’épuiseraient pas l’étude des « ressemblances », <strong>et</strong> nous<br />

n’hésiterons pas à tirer de Ju<strong>les</strong> Verne le personnage de Challenger lui-même (n’a-t-il pas été possible de tirer<br />

des Enfants du capitaine Grant celui de Sherlock Homes ?) ».<br />

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