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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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propos d’Élisée Reclus perm<strong>et</strong>tent à l’auteur des <strong>Voyages</strong> Extraordinaires de procéder à une<br />

multitude de références supplémentaires qui ne sont en fait, pour Ju<strong>les</strong> Verne, que des<br />

emprunts indirects. Et c’est donc à juste titre que Jean-Louis Tissier souligne que « la matière<br />

<strong>géographique</strong> de ses œuvres [cel<strong>les</strong> de Ju<strong>les</strong> Verne] est toujours de seconde main […] » 512 .<br />

Dans le cas présent, « c<strong>et</strong>te matière <strong>géographique</strong> de seconde main » est celle des récits de<br />

Jean Chaffanjon <strong>et</strong> d’Élisée Reclus. Or, en empruntant à Élisée Reclus ses propres références,<br />

sans mentionner directement ce dernier, Ju<strong>les</strong> Verne donne l’impression de citer directement<br />

tous ces autres auteurs (Colomb, Humboldt par exemple) comme s’ils constituaient sa source<br />

principale. En l’occurrence, <strong>et</strong> par rapport aux références qui concernent Humboldt, la matière<br />

<strong>géographique</strong> que Ju<strong>les</strong> Verne utilise est une matière de troisième main. De plus, par ce<br />

complexe <strong>et</strong> subtil procédé intertextuel, Ju<strong>les</strong> Verne inscrit son récit <strong>dans</strong> la continuité de<br />

ceux des grands explorateurs qui l’ont précédé. Mais en évoquant également des sources, des<br />

références qui sont en fait initialement citées par Élisée Reclus, Ju<strong>les</strong> Verne donne<br />

l’impression d’avoir convoqué une multitudes d’auteurs <strong>et</strong> de récits antérieurs pour écrire son<br />

roman. La réalité est bien plus simple <strong>et</strong> prosaïque 513 . Ce procédé est d’ailleurs courant au<br />

XIX ème siècle. Jean-Yves Puyo le démontre également avec l’exemple de Conrad Malte-Brun,<br />

qui recopie à l’identique des passages entiers de Humboldt : « […] Malte-Brun s’attachant à<br />

reproduire fidèlement <strong>les</strong> écrits du grand maître allemand. Ainsi, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> références<br />

bibliographiques citées en bas de page, l’auteur se réfère quasi exclusivement à<br />

Humboldt » 514 . Le procédé est courant pour l’époque : Ju<strong>les</strong> Verne ne déroge pas à la règle.<br />

142<br />

2 - Élisée Reclus, intermédiaire entre Ju<strong>les</strong> Verne <strong>et</strong> Alexandre de Humboldt<br />

a) - L’exemple de la géophagie<br />

Pour illustrer ce procédé, prenons l’exemple de la géophagie évoquée par Ju<strong>les</strong> Verne<br />

<strong>dans</strong> son roman. L’auteur écrit à propos des Otomacos : « D’après <strong>les</strong> récits de Humboldt, ces<br />

Indiens, qui prétendaient descendre d’aïeux de pierre, étaient d’intrépides joueurs de paume,<br />

plus habi<strong>les</strong> encore que ces Basques, de race européenne, introduits au Venezuela. On <strong>les</strong><br />

512 Tissier Jean-Louis. « L’Île Mystérieuse - Ju<strong>les</strong> Verne - 1874 - hydrographie <strong>et</strong> orographie. L’île est-elle<br />

habitée ? Baptême des baies, caps, golfes, rivières… », op. cit.<br />

513 Compère Daniel. « Le jeu avec <strong>les</strong> références scientifiques <strong>dans</strong> <strong>les</strong> romans de Ju<strong>les</strong> Verne ». In : De la<br />

science en littérature à la science-fiction. Paris : Éditions du CTHS, 1996. p. 137-145. Voir également :<br />

- Dupuy Lionel. « Ju<strong>les</strong> Verne, Le Superbe Orénoque <strong>et</strong> la géophagie. L’intertextualité au service de l’exotisme<br />

<strong>géographique</strong> ». In : Revue Ju<strong>les</strong> Verne, n° 28. 2009. p. 26-31.<br />

- Puyo Jean-Yves. « L’expédition du Mexique, 1862-1867 : apports cartographiques <strong>et</strong> <strong>géographique</strong>s ». In : Le<br />

Monde des cartes, n° 180, 2004. p. 57-70.<br />

514 Ibid.

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