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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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fois… »), alors que le merveilleux exotique ne procède qu’à une mise en distance <strong>dans</strong><br />

l’espace.<br />

120<br />

Ce merveilleux <strong>géographique</strong>, tel que nous le r<strong>et</strong>rouvons chez Ju<strong>les</strong> Verne, s’articule<br />

autour de l’enchantement, de l’« extraordinarisation » de l’espace <strong>et</strong> du temps. On r<strong>et</strong>rouve<br />

notamment le merveilleux hyperbolique évoqué par Tzv<strong>et</strong>an Todorov : <strong>les</strong> arbres y sont plus<br />

beaux, plus verts, <strong>les</strong> eaux plus bel<strong>les</strong>, <strong>les</strong> terres plus ferti<strong>les</strong>, <strong>les</strong> animaux plus grands, la vie<br />

plus agréable, <strong>et</strong>c. Ces traits évoquent <strong>les</strong> récits bibliques (le Jardin d’Éden), <strong>les</strong> mythes<br />

classiques (l’Eldorado) <strong>et</strong> autres contes de fées (initiatiques). Que l’on se rappelle d’ailleurs à<br />

ce titre l’étymologie latine d’initiation : le (re)commencement, l’admission aux mystères.<br />

Ju<strong>les</strong> Verne fait évoluer ses héros <strong>dans</strong> des territoires <strong>géographique</strong>ment <strong>et</strong> humainement<br />

mystérieux.<br />

Alors que le merveilleux exotique renvoie uniquement à l’ailleurs, à l’au-delà<br />

<strong>géographique</strong>, nous estimons que le merveilleux <strong>géographique</strong> procède d’une double mise en<br />

distance, en perspective : elle est à la fois <strong>géographique</strong> (exotique : l’espace) <strong>et</strong> temporelle<br />

(historique : le temps). L’articulation fondamentale de l’espace <strong>et</strong> du temps trouve son<br />

expression rhétorique la plus aboutie, à nos yeux, <strong>dans</strong> ce que nous définissons comme le<br />

merveilleux <strong>géographique</strong>. Le merveilleux <strong>géographique</strong> se situe forcément hors de l’espace<br />

<strong>et</strong> du temps conventionnels, du quotidien, de l’ici, du maintenant. Le corollaire direct du<br />

merveilleux <strong>géographique</strong> est bien évidemment l’<strong>imaginaire</strong> <strong>géographique</strong>. Le merveilleux<br />

<strong>géographique</strong> correspond alors à ces territoires oubliés, ces vides, ces blancs <strong>dans</strong> <strong>les</strong> vieil<strong>les</strong><br />

mappemondes, à ces ang<strong>les</strong> morts de la connaissance historique <strong>et</strong> <strong>géographique</strong>. Un coin de<br />

paradis r<strong>et</strong>rouvé, recréé, un mythe exhumé, un conte réalisé, un territoire habité, fantasmé,<br />

désiré, tel est le principe du merveilleux <strong>géographique</strong>, celui d’un autre monde, de l’autre<br />

monde, imaginé <strong>et</strong> <strong>imaginaire</strong>.<br />

À ce suj<strong>et</strong>, rappelons l’analyse que Jean-Louis Tissier propose de L’Île Mystérieuse :<br />

« Le premier mystère de l’île est d’être un angle mort de la connaissance <strong>géographique</strong>. […]<br />

Le chapitre II 459 est une parabole de la démarche <strong>géographique</strong>. […] L’île est parcourue,<br />

dessinée 460 , ses divers éléments naturels sont baptisés. […] Ainsi, <strong>dans</strong> l’espace clos de l’Île,<br />

459 Il s’agit en fait du Chapitre XI de la Première partie découpé ainsi par Ju<strong>les</strong> Verne : Au somm<strong>et</strong> du cône -<br />

L’intérieur du cratère - La mer tout autour - Nulle terre en vue - Le littoral à vol d’oiseau - Hydrographie <strong>et</strong><br />

orographie - L’île est-elle habitée ? - Baptême des baies, golfes, caps, rivières, <strong>et</strong>c. - L’île Lincoln.<br />

460 Ju<strong>les</strong> Verne a dessiné lui-même c<strong>et</strong>te île. Cf. document 6.

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