17.07.2013 Views

Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

118<br />

Évoquant <strong>les</strong> analyses relatives au merveilleux classique chez Lucain 452 , l’auteur du<br />

Journal des Savants déclare : « Il faudrait […] examiner aussi une autre sorte de merveilleux<br />

sur laquelle il n’a pas moins compté pour obtenir ces eff<strong>et</strong>s extraordinaires […] C’est ce<br />

qu’on pourrait appeler le merveilleux scientifique ou, plus particulièrement, le merveilleux<br />

<strong>géographique</strong> » 453 . Si l’auteur ne précisait <strong>dans</strong> son texte sa référence à Lucain, nous aurions<br />

pu penser qu’il s’agissait là d’une analyse relative aux <strong>Voyages</strong> Extraordinaires.<br />

L’existence d’un merveilleux <strong>géographique</strong> est ancienne mais son constat est<br />

beaucoup plus récent. Il existe un merveilleux <strong>géographique</strong> mais jamais il n’a été défini,<br />

étudié <strong>et</strong> systématisé en tant que tel. On utilise souvent l’expression de merveilleux<br />

<strong>géographique</strong> pour décrire l’univers des récits, contes <strong>et</strong> autres fab<strong>les</strong> de l’Antiquité, au<br />

premier rang desquels figurent l’Iliade <strong>et</strong> l’Odyssée d’Homère. Conrad Malte-Brun <strong>dans</strong> son<br />

Traité élémentaire de <strong>Géographie</strong>, parle d’ailleurs en ces termes de l’auteur grec <strong>et</strong> de son<br />

œuvre : « C’est sur le théâtre des combats de l’Iliade qu’il abandonne le merveilleux<br />

<strong>géographique</strong>, pour la scrupuleuse exactitude de l’historien » 454 . L’Odyssée d’Homère<br />

participe d’un merveilleux <strong>géographique</strong> structuré ici essentiellement autour du récit poético-<br />

mythique 455 . Mais nous ne sommes pas le premier à établir un lien direct entre L’Iliade <strong>et</strong><br />

l’Odyssée <strong>et</strong> <strong>les</strong> <strong>Voyages</strong> Extraordinaires 456 . L’un <strong>et</strong> l’autre, lointains complices, en appellent<br />

à ce merveilleux <strong>géographique</strong> où l’<strong>imaginaire</strong> <strong>géographique</strong> s’exprime <strong>et</strong> se révèle au fil de<br />

récits qui m<strong>et</strong>tent en scène l’espace (l’ailleurs), le temps (l’avant), l’homme (l’autre) <strong>et</strong><br />

l’<strong>imaginaire</strong> (au-delà de).<br />

Le merveilleux <strong>géographique</strong> caractérise de fait certains récits, antiques <strong>et</strong>/ou<br />

modernes. Et cela pour une raison évidente : ces textes, fondamentalement à mi-chemin entre<br />

réel <strong>et</strong> <strong>imaginaire</strong>, participent activement du merveilleux car ils sont impossib<strong>les</strong> à fixer<br />

véritablement en un lieu précis <strong>et</strong> à un moment donné 457 . Le merveilleux perm<strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre en<br />

place l’extraordinaire : Ju<strong>les</strong> Verne ne s’y prend pas autrement. Dans le cadre du merveilleux<br />

<strong>géographique</strong>, l’adjectif substantivé merveilleux évoque deux dimensions fondamenta<strong>les</strong> que<br />

nous avons r<strong>et</strong>enues pour caractériser plus spécifiquement <strong>les</strong> <strong>Voyages</strong> Extraordinaires : le<br />

452 Poète romain du I er siècle de notre ère, dont seule une œuvre a été conservée, La Pharsale, épopée sur la<br />

guerre civile ayant opposé César à Pompée au I er siècle avant J.-C.<br />

453 Le Journal des sçavans, devenu plus tard Journal des savants, est le plus ancien périodique littéraire <strong>et</strong><br />

scientifique d’Europe. Son premier numéro remonte à l’année 1665. Il s’agit ici de celui de Juin 1888, p. 326.<br />

454 Malte-Brun Conrad. Traité élémentaire de <strong>Géographie</strong>. Bruxel<strong>les</strong> : Méline Libraire, 1832. p. 3.<br />

455 Berdoulay Vincent. Des mots <strong>et</strong> des lieux. La dynamique du discours <strong>géographique</strong>, op. cit., p. 18.<br />

456 Cf. supra. Le Clézio cité par : Dekiss Jean-Paul. Ju<strong>les</strong> Verne. Le rêve du progrès, op. cit., p. 150.<br />

457 Que l’on se rappelle ainsi <strong>les</strong> incipit que l’on r<strong>et</strong>rouve au début des contes : Il était une fois ; il y a longtemps,<br />

bien longtemps, loin, très loin par-delà <strong>les</strong> montagnes, <strong>et</strong>c.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!