17.07.2013 Views

Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

d’Alexandre de Humboldt (Paris, 1826) » 579 .<br />

160<br />

Ju<strong>les</strong> Verne a effectivement beaucoup d’imagination, <strong>et</strong> quand bien même il aurait<br />

davantage puisé <strong>dans</strong> l’ouvrage de Humboldt, il n’aurait pu avoir plus d’informations sur ces<br />

sources de l’Orénoque où prospère la Mission de Santa-Juana. L’<strong>imaginaire</strong> <strong>géographique</strong><br />

perm<strong>et</strong> ainsi à l’auteur de compenser <strong>les</strong> lacunes d’une source insuffisante par l’invention<br />

romanesque. N’oublions pas que le récit de Ju<strong>les</strong> Verne se veut aussi divertissant : la<br />

sécheresse du récit de Jean Chaffanjon mérite bien ces quelques astuces géographico-<br />

romanesques.<br />

De la même manière que l’auteur crée un village nouveau le long de l’Orénoque<br />

(Augustino), il crée de toutes pièces un type de boisement impossible d’un point de vue<br />

pédologique <strong>et</strong> climatique. C<strong>et</strong>te nouvelle invention <strong>géographique</strong> (botanique, exotique ici)<br />

perm<strong>et</strong> à Ju<strong>les</strong> Verne de naviguer aux frontières du merveilleux <strong>géographique</strong>, avant d’entrer<br />

directement <strong>dans</strong> l’<strong>imaginaire</strong> <strong>géographique</strong> : celui de la Mission de Santa-Juana.<br />

Mais pourquoi Ju<strong>les</strong> Verne choisit-il alors le palmier comme support à l’exotisation<br />

progressive du haut Orénoque ? Le palmier est avant tout un symbole (biblique notamment)<br />

de prospérité <strong>et</strong> de fertilité, c<strong>et</strong>te prospérité qui caractérise si bien la Mission de Santa-Juana.<br />

Chez <strong>les</strong> Grecs anciens <strong>et</strong> <strong>les</strong> Romains, la palme représentait le symbole de la victoire : elle<br />

était décernée aux guerriers victorieux comme aux vainqueurs des épreuves sportives. Le<br />

palmier, symbole de vie éternelle, est aussi celui de la justice rendue par la loi. Dans<br />

l’<strong>imaginaire</strong> collectif, l’évocation d’un palmier est toujours accompagnée de la présence d’eau<br />

(l’oasis <strong>dans</strong> le désert, telle la Mission de Santa-Juana). Or la symbolique de l’eau est très<br />

forte, notamment <strong>dans</strong> le cadre d’un roman où une jeune fille recherche <strong>les</strong> traces de son père<br />

disparu, <strong>et</strong> théoriquement installé aux sources du mythique fleuve Orénoque. Le mythe, la<br />

symbolique <strong>et</strong> la géographie s’articulent ici <strong>dans</strong> un récit où le r<strong>et</strong>our aux sources perm<strong>et</strong> de<br />

mobiliser un puissant <strong>imaginaire</strong> <strong>géographique</strong> : le palmier qui signe la présence de l’eau<br />

résume la densité de c<strong>et</strong> <strong>imaginaire</strong>.<br />

Comme le souligne Daniel Compère, « Il arrive que Verne prenne des informations<br />

<strong>dans</strong> des ouvrages qui ne sont pas explicitement mentionnés, mais auxquels on devine qu’il se<br />

réfère parce que le nom de l’auteur apparaît <strong>dans</strong> le texte ou <strong>dans</strong> sa correspondance. Ainsi,<br />

<strong>dans</strong> <strong>Voyages</strong> <strong>et</strong> aventures du capitaine Hatteras, le récit de John Ross, Second voyage au<br />

passage du nord-ouest, est démarqué <strong>dans</strong> certains détails puisque le traj<strong>et</strong> du personnage<br />

579 Ibid., p. 34.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!