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Géographie et imaginaire géographique dans les Voyages ...

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maintenant (entre hier <strong>et</strong> aujourd’hui). À cheval sur le méridien opposé à celui de Greenwich,<br />

<strong>les</strong> héros font alors preuve d’une véritable ubiquité temporelle <strong>et</strong> <strong>géographique</strong>, en appui sur<br />

une ligne <strong>imaginaire</strong> qui découpe l’espace en tranches horaires. Le pari de Ju<strong>les</strong> Verne est<br />

d’autant plus symbolique <strong>et</strong> astucieux que le système des fuseaux horaires ne sera proposé<br />

qu’en 1876, soit trois ans après la publication du roman. Mais le calcul des méridiens existait<br />

déjà lors de l’écriture du roman. Ju<strong>les</strong> Verne ne pouvait passer à côté de c<strong>et</strong>te opportunité de<br />

conjuguer aussi habilement l’espace avec le temps.<br />

B) - Le merveilleux <strong>géographique</strong> <strong>et</strong> l’extraordinaire marin : Vingt mille lieues sous <strong>les</strong><br />

mers (1869-70), une métaphore écologique<br />

210<br />

1 - Du merveilleux <strong>géographique</strong>…<br />

Nous avons souligné précédemment l’importance du merveilleux <strong>géographique</strong> <strong>dans</strong><br />

<strong>les</strong> <strong>Voyages</strong> Extraordinaires. Ce merveilleux <strong>géographique</strong>, Ju<strong>les</strong> Verne le décline également<br />

<strong>dans</strong> sa version marine <strong>dans</strong> un autre chef d’œuvre : Vingt mille lieues sous <strong>les</strong> mers (1869-<br />

70). Le sous-titre du roman préfigure d’ailleurs le voyage (terrestre) de Fogg : Tour du monde<br />

sous-marin.<br />

La difficulté première que le romancier rencontre <strong>dans</strong> son récit est l’incapacité du<br />

narrateur à décrire, à dire avec <strong>les</strong> mots justes ce qu’il voit : « Quel spectacle ! Quelle plume<br />

le pourrait décrire ! Qui saurait peindre <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s de la lumière à travers ces nappes<br />

transparentes, <strong>et</strong> la douceur de ses dégradations successives jusqu’aux couches inférieures <strong>et</strong><br />

supérieures de l’Océan ! » 667 . Cependant, le point d’exclamation ne saurait satisfaire<br />

l’exigence du conteur. Nous y reviendrons plus longuement.<br />

Pour palier c<strong>et</strong>te insuffisance, Ju<strong>les</strong> Verne va utiliser de nouveau la métaphore<br />

(terrestre, minérale <strong>et</strong> géologique). Ainsi pourra-t-il rendre compte de la beauté <strong>et</strong> de la<br />

richesse sous-marines. Le Capitaine Nemo explique : « Tantôt je m<strong>et</strong>s mes fil<strong>et</strong>s à la traîne, <strong>et</strong><br />

je <strong>les</strong> r<strong>et</strong>ire, prêts à se rompre. Tantôt je vais chasser au milieu de c<strong>et</strong> élément qui paraît être<br />

inaccessible à l’homme, <strong>et</strong> je force le gibier qui gîte <strong>dans</strong> mes forêts sous-marines. Mes<br />

troupeaux, comme ceux du vieux pasteur de Neptune, paissent sans crainte <strong>les</strong> immenses<br />

prairies de l’Océan. J’ai là une vaste propriété que j’exploite moi-même <strong>et</strong> qui est toujours<br />

ensemencée par la main du Créateur de toutes choses » 668 .<br />

667 Verne Ju<strong>les</strong>. Vingt mille lieues sous <strong>les</strong> mers (1869-70). Chapitre XIV, Première Partie.<br />

668 Ibid., Chapitre X, Première Partie.

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