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456 OLIMPIU BOITOŞ
la Roumanie aura avec le temps en lui un défenseur ardent de
ses libertés publiques et de son autonomie. Il m'à dit une chose
très sérieuse. Le général Tùrr 47 ) a été ici et a plaidé en faveur
du Prince Couza; il est parti, il y a trois jours, pour Turin d'où il
doit envoyer à M. Gregory des documents qui prouveraient en faveur
du Prince Couza. Quels sont ces documents? et pourquoi
va-t-il les chercher à Turin. Questions toutes graves que je livre
à votre méditation. Je relève pourtant une chose.
A Turin on est donc en faveur du Prince Couza! Quelle
étrange fatalité pèse sur la Roumanie! On lui enlève ses libertés,
on fait violence à ses aspirations, on étouffe sa voix, on lèse
son autonomie et ce sont les soldats de la liberté, les champions
des nationalités qui appuient le Prince Couza dans son oppression
et dans son arbitraire. Quoi? Parce qu'il n'y a pas des marées
de sang qui crient liberté dans les rues de Bucarest on ne veut
pas écouter le peuple qui souffre?
Je vous écris sur la table d'un restaurant que j'ai trouvé à
proximité en sortant de chez Mr. Gregory. Je ne veux que vous
signaler la conduite du général Tùrr et vous prier d'écrire encore
à Turin.
Protestons au moins jusqu'à ce qu'il n'y aura plus de souffle
dans la poitrine de la Roumanie. Alors les hommes d'Italie qui
prêtent aujourd'hui l'oreille à tout ce qu'on leur dit pour le Prince
Couza marcheront sur le cadavre de cette Roumanie pour
monter au Capitole et sauver le César! Qu'ils prenent garde, du
Capitole à la roche Trapéienne il n'y a qu'un' pas. Un pas perdu
menace la perte d'un autre.
Tout à vous
Pano.
6, A. Panu câtre A. Levy
Mon cher ami,
Le 28 juin 1864. London.
La lettre pour Mr. H. Martin porte les aveux de la douleur
et du découragement dans lesquels je me trouve. Je vois mon
pays reculé d'un siècle, je le vois livré à des éventualités étranges.
Qui sait, qui peut lire dans le livre du Destin, peut-être
sera-t-il perdu. Voyez je vous prie Mr. Martin, qu'il tente encore
un dernier effort. Ah!- la France doit protester contre cette
violation des droits d'un peuple au moins pour sa justification
devant l'arrêt de l'avenir.
Adieu, je suis triste, je pleure en me trouvant au milieu de
ce grand peuple libre et en songeant à l'état dans lequel se trouve
mon pays.
Tout à vous
Pano.
47) Emigrant ungur, ajuns mai târziu aghiotant al regelui Victor Emanuel.