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MISIUNEA LUI A. PANU ÎN APUS 469
18. Le Temps, 5 lunie 1864
Principautés
danubiennes.
Nous nous étions jusqu'à présent tenu dans une grande ré-
.-serve au sujet des changements qui viennent de s'accomplir dans
les Principautés. De toutes les contrées où il se fait de la politique,
la Roumanie est incontestablement celle où les partis oppo-
.•sés s'attachent le plus a se discréditer réciproquement., de sorte
•que les jugements consciencieux deviennent difficiles à distance.
-Aujourd'hui, nous recevons d'un correspondant dont la compétence
et l'impartialité ne sauraient être mises en doute, une communication
que nous pouvous mettre avec confiance sous les yeux
•de nos lecteurs, et dont nous extrayons ce qui suit:
Les événements dont les Principautés danubiennes viennent
d'être le théâtre méritent, à bien des égards, de fixer l'attention
•de l'Occident. Non pas, sans doute, que ces événements soient
•destinés à exercer sur les destinées de l'Europe une influence
fort considérable, mais bien plutôt au point de vue des principes
•qui s'y sont trouvés en jeu, et des doctrines politiques qui y sont
•engagées. Je n'ai pas l'intention de vous faire le récit des faits
et gestes de notre prince et de notre assemblée durant ces dernières
semaines; dépêches et correspondances en ont parlé à
l'envi. Le prince Couza, après avoir marché tant bien que mal
(et plutôt mal que bien) avec la représentation nationale, pendant
une série d'années, vient de renvoyer les députés, de convoquer
la nation roumaine dans ses comices, de décréter et de faire voter
une nouvelle loi électorale, et d'inaugurer l'ère nouvelle du coup
d'État, vers lequel tous ses désirs le portaient depuis si longtemps.
Ce qu'il importe davantage que l'Europe connaisse, c'est
la signification de tout cela, la situation morale, pour ainsi dire,
et la philosophie de ce coup d'État. C'est ce que je vais essayer
•de faire comprendre à vos lecteurs.
Et d'abord, jetons un regard en arrière, de peur d'oublier
le point de départ.
Le prince Couza, autrefois aide de camp du caïmacam Vogoridys,
puis colonel, puis préfet de Galatz, etc., a été élu comme
Ion sait, après la guerre de Crimée et le traité de Paris, à une
époque où il s'agissait, avant tout, de constituer la Roumanie
en un seul corps de nation, et de la rendre assez compacte pour
résister à la pression de ses voisins du Nord et de l'Ouest.
Le choix des Roumains se porta sur Couza, comme il se fût
porté sur n'importe quel autre candidat qui n'aurait représenté
absolument rien que la nationalité roumaine, sans aucune espèce
d'arrière pensée ni russe, ni autrichienne, ni phanariote. Ajoutez
•que le prince Couza avait promis de se démettre de sa dignité
en faveur d'un prince étranger — ce qu'il (ne juge pas convenable
•de faire depuis. Dès le lendemain de cette élection, les partis,