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460 OLIMPIU BOITOŞ
10. C. A. Rosetti §i E. Canada câtre A. Levy
Bucarest le 31 août 186453).
Cher
ami,
Permets-moi d'abord de t'embrasser, toi et les tiens et de
te remercier pour les services que tu ne cesses pas de rendre à
notre cause, malgré notre ingratitude et notre indolence. Si nous
ne t'avons pas écrit, tu connais la cause. Carada et Pano t'ont
fait voir la situation intérieure de notre pays et les luttes de
chaque jour que nous avons à soutenir tantôt contre les vieux
partis tantôt contre le gouvernement et surtout contre ce dernier
qui par une politique inepte et misérable menait le pays au désastre.
Aujourd'hui nous sommes réduits au silence. Tous les
journaux indépendants sont supprimés; l'autorisation pour en
ouvrir de nouveaux refusée à plusieurs personnes. Point de liberté
de réunion. Aucun moyen d'exposer ses opinions. Les persécutions
les plus infâmes exercées contre tous les hommes honorables.
Les élections municipales qui dans la capitale ont été pour
nous un éclatant triomphe, ont été l'occasion de nouvelles infamies.
Des professeurs qui ont voté pour nous ont été destitués
pour cette seule raison, déclarée nettement et sans pudeur dans
le décret de destitution. Des prêtres chassés de leur chaire pour
la même raison. Jamais, aucun gouvernement n'est allé si loin
dans l'emploi des moyens les plus impudiques pour s'assurer la
réussite. Malgré tout il a été forcé de reconnaître que la capitale
avait voté pour Bratiano, Golesco et Rosetti, que Cogâlniceano
avait déclarés ennemis du gouvernement et contre l'élection desquels
tous les moyens d'action du gouvernement avaient été concentrés.
Mais il y a plus. Le résultat officiel de l'élection est faux.
La liste entière du parti national a eu la majorité, tandis que
les candidats du gouvernement n'avaient que cinq ou six cents
voix. En effet au dépouillement du scrutin dans les sections, il
.a été constaté que 2 / 3
des voix étaient pour notre liste, malgré
toutes les chicanes et les mesquineries des buraux composés contrairement
à la loi. Voyant ce résultat le gouvernement a fait
suspendre les opérations du dépouillement et fermer les urnes.
Les électeurs qui ont voulu rester dans la salle de l'élection pour
garder les urnes ont été jetés à la porte par les gendarmes de la
police. Les urnes ont été enlevées par les commissaires qui les
ont gardées chez eux jusqu'au lendemain. On avait refusé aux
électeurs le droit d'apposer leurs cachets sur les urnes. Le lendemain
le reste des billets contenus dans les urnes étaient, comme
par enchantement, presque tous pour les candidats du gouvernement.
On a remarqué que tous ces billets étaient écrits de la
même écriture. Pourtant la majorité appartenait encore au parti
B 3
) Scrisoare dictată de Rosetti şi scrisă de Carada.