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MISIUNEA LUI A. PANU ÎN APUS 475.
22. Le Temps, 23 Iunie 1864
Principautés
danubiennes.
Nous résumons comme suit notre correspondance de Bucarest,
en date du 14 juin:
Je vous ai parlé, dans ma dernière lettre, du coup d'État du:
prince Couza, de l'établissement du suffrage universel et de la
signification de cette mesure. Allant au plus pressé, j'ai dû passer
à côté de la question, qui a été, en définitive, la cause première
de toutes ces tempêtes, et qui, depuis longues années, doit
être regardée comme la question par excellence dans les Principautés:
je veux parler de la loi rurale. Si l'on veut bien aller
au fond des choses, on reconnaîtra que la question rurale est le
point culminant où aboutissent tous les différends, et d'où sortent
tous les dissentiments qui ont agité le territoire roumain,,
depuis une longue série d'années.
Tous les gouvernements qui se sont succédé dans les Principautés
ont plus ou moins touché à cette question; tous les règlements
et les projets de Constitution ont fait mention de la
réforme qui est à entreprendre: la difficulté n'a jamais été vaincue,
ni même sérieusement entamée, et cela pour divers motifs,
qu'il serait trop long d'énumérer ici, et qui appartiennent d'ailleurs
à l'histoire et non plus à la politique. A son tour, le gouvernement
du prince Couza a soulevé cette réforme; faut-il l'en
féliciter? Sans doute, si l'on ne veut envisager la chose qu'au
point de vue du progrès qui peut et doit être accompli ; seulement,
il sera permis d'ajouter une réserve à cet éloge, le prince ayant
en vue, outre le progrès du pays, l'accroissement de son prestigepersonnel,
de sa dictature démocratique, et en outre ne se rendant
pas compte suffisamment du milieu sur lequel va s'exercer
sa réforme, ni des besoins réels qu'il doit satisfaire, ni des difficultés
véritables qui s'apposent à la réalisation de ses plans.
Pour bien saisir cette question, pour la connaître parfaitement,
il est nécessaire qu'on ne l'examine pas d'un côté seulement;
il faut aussi qu'on se défie du sentiment, et qu'on laisse
parler la raison et l'expérience. Il faut enfin qu'on tienne grand
compte du passé de ce peuple, de ses moeurs actuelles, de sa
nature propre, et qu'on ne se laisse pas aller à des idées qui sont
fort applicables en Europe, mais qui, appliquées dans ces pays
presque orientaux, changent complètement de forme, perdent
les vertus qu'elles ont chez nous, et portent des fruits tout autres
que ceux qu'on en espérait.
Si vous le voulez, avant d'examiner les projets du prince-
Couza, nous remonterons plus avant d^ns le passé, faisant,
comme les généraux en campagne, la levée du terrain sur lequel
les armées vont opérer. Cet aperçu rétrospectif me semble d'autant
plus nécessaire que, parmi les journaux français, je ne