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MISIUNEA LUI A. PANU ÎN APUS 471
Nous verrons tout à l'heure jusqu'à quel point ces projets
de loi répondaient aux besoins et aux moeurs du peuple roumain.
Une fois qu'il sentit son autorité bien établie, grâce à l'armée,
et sa popularité fortement encrée dans les populations campagnardes,
il alla de l'avant. Le coup d'État fut décidé et exécuté,
l'assemblée dissoute, le suffrage universel proclamé; le pays divisé
en quatre commandements militaires; la presse soumise au
régime de la censure, des avertissements et des répressions administratives:
tout cela au nom et sous l'invocation de la liberté.
N'oublions pas les deux complots qui furent découverts d'une
manière si opportune.
Cette situation nouvelle étant nettement dessinée, il est nécessaire
d'examiner jusqu'à quel point les réformes annoncées
sont logiques, appropriées au pays roumain, et dignes du nom
de libéral qu'on leur accorde si volontiers.
Et tout d'abord, nous nous empressons de dire que l'état
ancien était insoutenable: la loi électorale qui régissait les Principautés
et d'où sortirent les assemblées, était une loi prédestinée
à disparaître. C'est une annexe de la convention de Paris de
1858 (19 août) qui l'avait réglée: les Roumains étaient distingués
en électeurs primaires et directs; n'était électeur primaire
que les citoyens justifiant d'un revenu foncier de 11.750 francs;
pour être éligible, il fallait posséder 4.700 francs de rente. Il en
résultait les plus singulières anomalies et la représentation nationale,
assise sur une Ici pareille, n'était, à vrai dire, qu'une représentation
de boyards, hors les députés des grandes villes, comme
Bucarest et Jassy, où l'élément du tiers-état parvenait à
remporter quelques victoires. Il y avait un district, celui d'Ismaïl,
qui n'avait qu'ww seul électeur, homme peut ambitieux, qui n'usa
jamais de son droit de s'envoyer siéger à la Chambre, mais qui
eût pu le faire sans inconvénient.
Cette loi était donc destinée à tomber. Devait-elle être remplacée
par le suffrage universel? Voilà une bien autre question.
Le suffrage universel n'a de raison d'être que dans un pays
où les moeurs sont assez avancées pour permettre la
réalisation de cet idéal des lois électorales. Or qu'est-ce que
le peuple roumain? Qu'est-ce que surtout que le peuple des campagnes?
Ne nous berçons pas d'illusions: en fait de politique, il
s'agit d'envisager les choses telles qu'elles sont, et non comme
on les désirerait:
Quiconque a voyagé en Roumanie, reconnaîtra d'emblée,
que le projet de donner le suffrage universel à ces hommes, est
de tous les projets le plus impraticable, ou plutôt le plus illusoire.
Il me rappelle ces institutions municipales, dont le traité
de Paris a doté la Bulgarie: ces gens' élisent des conseillers municipaux,
des maires, des adjoints qu'ils appellent cogiabassi,
malmudiri, etc.; ils ne se doutent pas du rôle que ces élus ont
à remplir: les élus l'ignorent également; et cette comédie n'a