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occupait,' l'église bâtie à ses frais, l'école ouverte et entretenu de
ses deniers, lui est enlevée „sans aucune indemnité". On s'était
imaginé enfin que les paysans, devenant aussi indûment propriétaires,
le devenaient pleinement et pourraient transmettre et aliéner
selon leur gré les terres qui leur seront dévolues. Loin de là,
ils ne sont en réalité que les détenteurs de leurs biens-fonds; ils
possèdent seulement, sous réserve des droits reconnus à une
tierce personne, exigeante et envahissante, la commune. Meurent-ils
ab intestat, ou sans héritiers légitimes, la commune hérite!
Ne peuvent-ils payer la redevance fixée pour indemniser
l'ancien propriétaire, la commune leur est aussitôt substitué. Veulent-ils
se défaire de leurs terres avant trente années écoulées,
ils n'ont faculté de vendre qu'à la commune. Vendent-ils au bout
de trente ans, la commune a le droit de préemption. Ainsi, dans
le cours des temps, la propriété commune et indivise, chose toujours
si funeste et si pernicieuse, absorbera la propriété individuelle.
Voilà la loi rurale; voilà ce qu'elle prépare et ce qu'elle
fonde! Qu'ajouter à ce'à? un simple trait qui met le comble à la
confusion: c'est dans l'espace de quelques mois que l'opération du
partage doit être achevée; c'est dans l'espace de quelques mois
que toutes les terres changeront de maîtres, que toutes les fortunes
seront ébranlées; et le gouvernement de Bucarest choisi ce
moment même pour établir dans les Principautés-Unies la contrainte
par corps qui y était jusqu'à présent inconnue. Comme
il ne manquera pas de ruines soudaines, grâce à la loi rurale, la
prison pour dettes ne chômera guère de cliente; les deux mesures
se complètent l'une l'autre.
Le secrétaire de la rédaction: F.
Camus.