ANUARUL - DSpace

MISIUNEA LUI A. PANU ÎN APUS
jusqu'à l'indécence, jusqu'au crime de dire que même la presse:
des nations les plus civilisés, les plus libres, par conséquent lesplus
morales, n'a point d'autre stimulant, d'autre but, d'autres
principes que la fleica? Et que signifient ces mots: ,,pourquoi
ne lui jetterait-on à elle aussi... à la bouche des journalistes?"
Que signifient ces mots à elle aussi? Par conséquent il y a.
d'autres à qui l'on jette un morceau? Et non seulement on le
jette à d'autres, mais la Dâmbovifa approuve le fait et demande
qu'on augmente l'immoralité, la corruption. Qu'on lui donne un
morceau à elle aussi, à la presse étrangère. — Comment? La civilisation
est donc pour la Dâmbovifa le règne de la corruption
puisqu'elle dit que la civilisation a voulu que les affaires se fassent
par la corruption? et quelle corruption?' Celle d'un morceau
jeté à la bouche? Ainsi donc la Dâmbovifa veut nous reconduire
aux temps barbares? elle veut nous ramener aux temps du despotisme,
lorsque la volonté d'un homme était tout et la nation
un troupeau qui devait s'y soumettre? S'il en est ainsi, nous
comprenons maintenant seulement pourquoi la Dâmbovifa disait
dernièrement que la politique de la nation roumaine doit être la
politique suivie il y a quatre siècles, celle de la Turquie. Comment?
Les grandes idées viennent de l'estomac, selon la Dâmbovifa,
pour la pluspart des hommes? Comment?, selon la Dâmbovifa
l'estomac seul règne, même dans la presse française et
anglaise? Lui seul conduit la plume des journalistes des Débats,
Times, Morning Post, Le Temps, Le Siècle, La Revue des Deux
Mondes, Lé Mémorial diplomatique, L'Europe, etc. etc.? Mais
alors ne donne-t-elle pas à ces journaux le droit de lui démander,
à son tour, si elle a soutenu la loi rurale pour régner par l'estomac,
si elle a jeté un morceau à l'estomac pour pouvoir avoir
l'âme. Quant à nous, nous déclarons que nous repoussons pour
la plupart des Roumains de telles accusations et nous affirmons
que les journaux étrangers que nous venons de citer ont unegrande
force et sont respectés par tout le monde, seulement pour
avoir sacrifié la fortune et même la vie pour la vérité, pour lajustice,
pour la liberté et la moralité.
Que la Dâmbovifa demande donc tant qu'elle voudra l'augmentation
des budgets, nous l'assurons que plus sa demande sera
satisfaite, plus elle verra que la civilisation est la moralité, pluselle
se convaincra que le règne de la corruption est la barbarie,
et que ceux qui courent après les morceaux, voient bientôt augmenter
leur faim, mordent, déchirent, mettent en pièces en fin
celui-là même qui leur avait jeté le morceau!"
Nous vous prions de faire parvenir cela surtout aux {Journal
des] Débats et au Temps.
Rosetti vous serre la main. Au revoir ami et frère.
Eugène
Carada-