PIANO MUSIC - Abeille Musique

Nocturne, pièce uniquement fondée sur la première
partie d’un morceau plus long, Les cloches de G*****,
extrait de l’Album d’un voyageur. Pour une quelconque
raison, Liszt renonça, dans l’œuvre révisée, à la majeure
partie de cette merveilleuse méditation mais ajouta, en
guise de compensation, une seconde section—introduisant
une mélodie inspirée et édifiante, avec douceur
d’abord, puis avec une passion vigoureuse, avant de
prendre congé au son des cloches lointaines, de retour.
Peu après avoir réuni le second volet des Années, Liszt
prépara un volume supplémentaire d’œuvres plus
légères : Venezia e Napoli. Chacun de ces recueils inclut à
nouveau des révisions de quantité d’œuvres antérieures.
Bien que rien ne l’indiquât spécifiquement, inclure
pertinemment les Trois Morceaux suisses—révisions
des trois Paraphrases qui constituent la troisième pièce de
l’Album d’un voyageur original—à la première Année ne
semble que justice. A l’imitation de Venezia e Napoli, ces
trois pièces reposent sur des thèmes d’autres compositeurs,
en l’occurrence des chansons savantes suisses de
Ferdinand Huber (1791–1863) et d’Ernest Knop (mort en
1850). Et bien qu’un peu plus volumineuses que le
supplément du recueil italien, toutes trois sont un adieu
agréable à leur pendant, plus grandiose, presque à
l’identique. Dans le cas suisse, Liszt attendit exactement
quarante ans avant de publier une version révisée des trois
premières paraphrases, dont les titres avaient quelque peu
changé entre-temps.
Le Ranz de vaches (« ranz » est le terme générique
désignant les mélodies improvisées par les gardiens
suisses—que ce soit de vaches, comme dans cette pièce,
ou de chèvres, comme dans la troisième—jouées au cor
des Alpes ou chantées) est une version légèrement
retravaillée de la première des Paraphrases de l’Album,
avec un final extrêmement accourci. L’exubérance juvénile
demeure, bien qu’une certaine exagération ait été
tempérée. Comme dans le corpus antérieur, la deuxième
partie, intitulée Un soir dans la montagne, se révèle la
plus belle musicalement. Cette seconde version offre des
sections extrêmes subtilement récrites. Quant à la section
centrale, elle dépeint toujours un orage violent, mais
l’arrangement du matériau présente plus de finesse,
l’orage est plus court cependant que la transition à la
récapitulation est nouvelle.
Le dernier morceau dut immédiatement séduire Liszt,
qui ressentit juste le besoin, même quarante ans plus tard,
d’effectuer de minuscules altérations par rapport au
concept intitial, excepté dans les toute dernières mesures,
où une coda plus unifiée remplace la brève explosion
originelle.
LESLIE HOWARD © 1996
Traduction HYPERION
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