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PIANO MUSIC - Abeille Musique

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alternatives de texture qui paraissent moins oppressives<br />

au piano et qui ne détournent pas de l’idée originale.<br />

La première transcription de la « Marche funèbre » a<br />

un certain intérêt intrinsèque et, tandis que certains<br />

passages plus compliqués ont trouvé une solution plus<br />

plaisante dans la révision, elle servit cependant de modèle<br />

dont Liszt ne s’éloigne guère—la nouvelle version fut<br />

écrite sur un exemplaire publié de la première. Liszt<br />

reporte les rythmes de la mélodie pointée de Beethoven<br />

avec les accords en triolets en-dessous exactement comme<br />

Beethoven les a écrits, mais, sans vouloir engager un débat<br />

sur l’interprétation de tels points à la fin du dix-huitième<br />

siècle et début du dix-neuvième siècle, d’un simple point<br />

de vue pratique, la dernière note de la mélodie peut<br />

parfois tomber en même temps que la dernière note des<br />

accords en triolets. Les doigtés de Liszt sont d’une<br />

originalité audacieuse aussi : suivre des lignes détachées<br />

avec le seul doigt disponible d’habitude le petit doigt ou le<br />

pouce—pendant que le reste de la main, du corps même,<br />

est occupé ailleurs—est caractéristique de la série toute<br />

entière.<br />

Des difficultés apparaissent quelquefois là où<br />

Beethoven n’en avait pas prévu : le moto perpétuo<br />

d’accords détachés dans le Scherzo est un exemple de<br />

passage qui ne présente aucune difficulté pour l’orchestre<br />

mais qui est, pour le piano, riche en difficultés, et la<br />

réciproque est également vraie : les parties des cors dans<br />

le Trio, si souvent malmenées, sont bien moins notoires<br />

au clavier.<br />

Une étude des « Variations héroïques » pour piano de<br />

Beethoven est une préparation parfaitement raisonnable<br />

pour le finale de la Symphonie ; la fugue pour piano de<br />

Beethoven est tout aussi non-pianistique que sa<br />

contrepartie dans les variations symphoniques s’avère<br />

l’être dans le minutieux effort de Liszt de ne rien laisser<br />

perdre. Les solutions de Liszt à la fin du mouvement sont<br />

19<br />

particulièrement intéressantes. Afin de reproduire<br />

l’énorme variété de couleur orchestrale que Beethoven<br />

amène dans la dernière formulation triomphante de la<br />

mélodie, Liszt transporte les accords orchestraux des<br />

secondes et troisièmes croches de la mesure sans aucune<br />

cérémonie à la partie basse du clavier, laissant la partie<br />

centrale aux accords qui entourent le thème et les parties<br />

hautes pour les triolets en doubles croches des cordes x;<br />

juste avant la coda Presto, Liszt risque l’omission du<br />

violoncelle et de la ligne de basse afin que les délicats<br />

accords qui virevoltent des instruments à vent aux cordes<br />

hautes soient mieux présentés. Quant à la coda, elle évite<br />

de fatiguer l’oreille avec d’interminables accords en<br />

doubles-croches, en découvrant des textures alternatives<br />

de piano toutes les deux ou trois mesures, jusqu’à la fin.<br />

Comme pour la seconde Symphonie, on a toujours<br />

accordé à la Symphonie n o 4 (1806, dédiée à Comte<br />

Oppersdorf, transcrite 1863) une sorte de statut de second<br />

rang injustifié, comparée aux plus importantes symphonies<br />

aux numéros impairs. L’humour de cette œuvre<br />

est compensé par le sombre sérieux de l’introduction, que<br />

Liszt eut visiblement des difficultés à transcrire : la façon<br />

dont le texte principal présente l’octave en si bémol tenue<br />

par les instruments à vent pendant les cinq mesures<br />

exigées, avec la main droite obligée de descendre et de<br />

traverser des octaves parallèles de la main gauche, ce qui<br />

rend impossible de tenir les notes supérieures, laisse bien<br />

à désirer. L’alternative, dont nous nous servons ici, est une<br />

exigeante octave trémolo en cinq mesures pianissimo<br />

pour la main droite, et le reste du matériel, moins un<br />

doublement d’octave, est confié à la seule main gauche.<br />

Liszt répond à la gaieté contrastante de l’Allégro par un<br />

barrage de pyrotechniques de piano qui rappellent les<br />

textures de plusieurs de ses études. Il est remarquable que<br />

la partition de Beethoven n’en souffre pas. Et la décision<br />

de Liszt de transformer le si bémol des timbales, dans

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