PIANO MUSIC - Abeille Musique

wissend ») vient du livret de Parsifal, inachevé à l’époque,
et traduit peut-être la conscience qu’avait Liszt d’avoir
découvert son langage musical progressiste grâce à une
sagesse issue de la compassion. Il n’est aucunement question
de citations de la musique de Wagner. La onzième
Station, Jésus est mis en croix, répète le cri « Crucifige »
dans une phrase d’une brutalité délibérée. La douzième,
Jésus meurt en croix, est très longue, avec deux des
dernières paroles du Christ : « Eli, Eli lama Sabacthani? »
et « In manus tuas commendo spiritum meum ». Une
méditation musicale sur le motif de trois notes reprend
aussi la dernière parole « Consummatum est », et la pièce
s’achève avec une harmonisation et extension du choral
« O Traurigkeit, o Herzeleid! » dont l’harmonie est à la fois
simple et audacieusement dissonante. Désolation est la
seule description qui convienne à la treizième Station,
Jésus est détaché de la croix, des fragements du Stabat
mater et une version variée de la quatrième Station se
perdent dans le silence. La dernière Station, Jésus est mis
au tombeau, reprend l’hymne de la procession initiale,
sur la suite du texte « Ave crux spes unica », avec un
accompagnement rythmé apaisant en , avant la conclusion,
une très délicate coda sur la mélodie de la quatrième
station et le motif de trois notes de la croix.
Les versions pour piano de onze des douze Chorals,
mieux connues—du moins dans les catalogues, car elles
ne sont jamais exécutées—comme œuvres chorales,
furent aussi publiées pour la première fois dans la
Nouvelle Edition Liszt en 1980. Elles sont à l’évidence
conçues pour être exécutées en privé et présentent la plus
simple écriture pianistique qui ait jamais coulé de la
plume de Liszt. Comme si souvent dans ces circonstances,
Liszt a fourni d’amples indications de doigté ! En privé, on
peut reprendre la musique autant de fois que le permettent
les strophes de l’hymne. Ici, seules sont observées
les reprises structurales des mélodies chorales, dans les
numéros 7 et 11. On voit tout de suite que la musique des
sixième et huitième chorals est identique aux mouvements
équivalents de Via Crucis. On ignore quelle version
précède l’autre, mais d’après les introductions et codas il
semblerait que ces chorals, au moins, sont postérieurs à
l’œuvre plus longue. Certains de ces chorals sont
luthériens, d’autres basés sur le plain-chant. La Nouvelle
Edition Liszt donne une liste complète des sources des
textes et des mélodies pour ceux que cela intéresse. Ces
sources ne fournissent pas d’ordre évident pour ces
pièces, et la NEL les présente par ordre alphabétique,
également adopté pour cet enregistrement. Les titres
peuvent être traduits comme suit : Salut sainte croix ;
Jésus-Christ (Les cinq blessures) ; Mon âme glorifie le
Seigneur ; Remercions notre Dieu ; Maintenant les bois
sont silencieux ; Ô sainte tête blessée ; Ô Agneau de
Dieu ; Ô Tristesse (le vendredi saint) ; Les étendards
royaux (arrangement différent de celui de Via Crucis);
Ce que Dieu fait est bien fait (différent de la version
des variations sur « Weinen, Klagen ») et Si tu laisses Dieu
te guider. Il y a de nombreux exemples de colorations
harmoniques très personnelles dans les versions de
Liszt—dont bénéficierait plus d’un recueil de cantiques !
LESLIE HOWARD © 1990
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