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afraîchissantes à base de jus de citron, afin de nous réhydrater<br />

après cette exposition à la chaleur. Je quittai le hammam avec<br />

une sensation de propreté telle que je n’en avais jamais<br />

éprouvée auparavant, animé de la reconnaissance la plus<br />

sincère à l’égard de cette invention arabe. Je devais y avoir<br />

souvent recours par la suite, et la seule chose dont j’aie jamais<br />

eu à me plaindre à ce sujet, c’est que tant d’Arabes eux-mêmes<br />

préfèrent la crasse et la puanteur à la propreté que procure cette<br />

pratique.<br />

Bien que les sommes que nous lui versions eussent mérité<br />

qu’il nous nourrît exclusivement de nectar et d’ambroisie, il faut<br />

bien reconnaître que notre cicérone, Ishaq, n’avait pas menti au<br />

sujet de la qualité des mets proposés dans son auberge. Le repas<br />

du premier soir fut son agneau truffé aux pistaches, servi avec<br />

du riz et des concombres émincés et assaisonnés au jus de<br />

citron, suivi d’une préparation composée de pulpe de grenade<br />

sucrée, délicatement parfumée aux amandes râpées. Tout était<br />

délicieux. Mais ce qui me transporta le plus fut le breuvage qui<br />

accompagnait ces plats. Selon ce que m’expliqua Ishaq, il<br />

s’agissait d’une décoction de baies mûres infusées dans de l’eau<br />

chaude, nommée qahwah. Ce mot arabe signifie « vin », mais ce<br />

n’en est pas, la religion des Arabes interdisant tout alcool. Si sa<br />

couleur brun-grenat pourrait rappeler celle d’un barolo du<br />

Piémont, il n’en a ni l’arôme puissant ni le léger arrière-goût de<br />

violette. Sa saveur n’est ni douce ni amère, comme c’est parfois<br />

le cas pour certains vins. Il ne procure pas non plus l’ivresse, ni<br />

ne provoque la gueule de bois du lendemain. Cependant, il<br />

réjouit bel et bien le cœur, avive les sens, et, comme l’assure<br />

Ishaq, il suffit à un voyageur ou à un guerrier d’en avaler<br />

quelques verres pour prendre la route ou marcher au combat de<br />

longues heures, l’âme ardente et sans fatigue.<br />

Le repas nous fut servi sur une nappe posée à même le sol,<br />

les convives étant assis autour. Aucun couvert ne nous ayant été<br />

fourni, nous eûmes donc recours, pour découper, aux couteaux<br />

que nous portions à la ceinture, utilisant la pointe pour piquer<br />

les morceaux de viande, à la place des petites broches que nous<br />

aurions employées chez nous. En l’absence de celles-ci ou de<br />

cuillers, nous dégustâmes l’agneau, le riz ainsi que les douceurs<br />

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