19.06.2013 Views

-1-

-1-

-1-

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

pourtant si fréquentes où il était menacé, ni pour faire la simple<br />

démonstration de sa réalité. Alors, bien sûr, on peut<br />

légitimement s’interroger : existe-t-il vraiment, et si oui, qui estil<br />

? Domine-t-il bel et bien un lointain empire chrétien, et si oui,<br />

où est-il situé ?<br />

J’ai déjà émis l’hypothèse, dans la première version publiée<br />

de mes voyages, que dans un certain sens le Prêtre Jean<br />

pourrait en effet exister, mais qu’il n’est pas et n’a jamais été un<br />

potentat chrétien.<br />

À l’époque où les Mongols vivaient encore en tribus<br />

séparées et désorganisées, ils appelaient khan leurs chefs de<br />

tribu. Lorsque ces innombrables entités s’unirent sous la férule<br />

de Gengis, il devint l’unique monarque de l’Orient et régna sur<br />

un empire assez semblable à celui que la rumeur attribuait au<br />

Prêtre Jean. Depuis la mort de Gengis, tout ou partie de ce<br />

khanat mongol a toujours été dirigé par l’un ou l’autre de ses<br />

descendants, avant que son petit-fils Kubilaï devienne khakhan,<br />

l’étende encore et en consolide la fermeté. Si tous ces dirigeants<br />

mongols ont évidemment porté des noms différents, tous ont<br />

gardé le même titre, celui de khan ou de khakhan.<br />

Je vous invite maintenant à observer combien il serait<br />

compréhensible de mal lire ou de mal entendre le titre de khan<br />

pour l’altérer en « Jean », en « John » ou en « Johannes ».<br />

Imaginez qu’un très ancien voyageur chrétien en Orient l’ait<br />

ainsi mal interprété. Cela lui aurait inévitablement rappelé le<br />

nom du saint apôtre Jean. Le pas d’en faire, dans son esprit, un<br />

évêque ou un prêtre aurait été vite franchi, et il suffisait ensuite<br />

de faire coïncider la croyance avec la réalité – celle de l’étendue,<br />

du pouvoir et de la richesse du khanat mongol – pour aller<br />

répandre dans tout l’Occident le mythe fabuleux du Prêtre Jean<br />

dominant un empire chrétien imaginaire.<br />

Si je ne me trompe pas, ce sont donc bien les khans qui, à<br />

leur corps défendant, ont pu inspirer la légende, ce qui n’en fait<br />

pas pour autant des chrétiens. Et jamais ils n’ont eu en leur<br />

possession aucun des atouts aux vertus surnaturelles attribués<br />

au Prêtre Jean : le miroir enchanté grâce auquel il pouvait<br />

espionner à distance les faits et gestes de ses ennemis, les<br />

médicaments magiques qui lui permettaient de guérir n’importe<br />

-347-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!