19.06.2013 Views

-1-

-1-

-1-

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

le saviez-vous pas, c’est à l’origine vers Jérusalem, et non vers<br />

La Mecque, que le Prophète – et que toujours la paix et la<br />

bénédiction soient sur lui – avait enjoint les croyants de se<br />

tourner lors de leurs dévotions. La langue anciennement parlée<br />

par les juifs et celle qu’employait le Prophète – que la paix et la<br />

bénédiction soient encore sur lui – n’étaient pas si<br />

dissemblables que cela, et...<br />

— ... Et juifs comme musulmans ont encore en commun, je<br />

crois, d’avoir la langue bien pendue, fit remarquer mon père,<br />

acide. Venez, Marco et Matteo. Allons présenter nos respects à<br />

l’hôtesse. Toi, Narine, finis de décharger les chameaux et<br />

donne-leur à manger.<br />

La veuve Esther était une petite femme aux cheveux blancs<br />

et au visage doux qui nous souhaita la bienvenue de façon aussi<br />

courtoise que si nous n’avions pas été chrétiens. Elle insista<br />

pour nous faire asseoir et nous faire boire ce qu’elle appelait le<br />

« réconfort du voyageur », du lait chaud aromatisé de<br />

cardamome. Elle l’avait concocté elle-même car, le soleil n’étant<br />

pas encore couché, aucun de ses serviteurs musulmans n’était<br />

en mesure de faire chauffer le lait ou d’écraser les graines.<br />

Mon père avait sans doute raison de suspecter qu’elle avait<br />

aussi la langue bien pendue, car elle nous fit en effet un bon brin<br />

de conversation. Mais je laissai mon père et mon oncle lui<br />

donner la réplique, préférant rester sur ma réserve et observer<br />

les lieux. La maison avait à l’évidence été une résidence d’un<br />

certain luxe – au moins jusqu’à la mort de Mordecai, me dis-je<br />

–, avant de tomber dans une relative décrépitude, comme<br />

l’indiquait l’ameublement quelque peu défraîchi. Il y avait<br />

toujours un équipage complet de domestiques, mais j’eus la<br />

nette impression qu’ils étaient restés à son service plus par<br />

loyauté envers leur maîtresse que pour les gages qu’elle leur<br />

versait. Ils travaillaient sans doute à son insu à droite et à<br />

gauche afin de survivre, quitte en définitive à l’entretenir autant<br />

qu’elle les entretenait.<br />

Deux ou trois de ces serviteurs étaient aussi âgés et peu<br />

remarquables que leur maîtresse, mais trois ou quatre autres<br />

s’avéraient être de magnifiques garçons de Kachan. Je ne fus<br />

pas fâché, pour ma part, de constater que, parmi ces fidèles<br />

-362-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!