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passe au vin), il n’en subsiste pas moins, dans l’esprit de chaque<br />

enfant, un souvenir diffus. L’adolescent découvrant à la puberté<br />

l’intérêt que lui procure son sexe n’en éprouve alors ni<br />

perplexité, ni crainte particulière. S’il s’éveille en pleine nuit en<br />

érection, il se caresse alors le sexe de la main, sachant<br />

parfaitement ce qu’il fait et ce qu’il veut.<br />

— Une toilette à l’éponge froide ! clamait frère Evariste aux<br />

jeunes garçons que nous étions, à l’école. Elle tuera dans l’œuf<br />

l’excitation de l’érection et vous évitera la honte d’une pollution<br />

nocturne.<br />

Nous l’écoutions religieusement, mais, une fois rentrés chez<br />

nous, nous nous empressions de rire de lui. Peut-être arrivait-il<br />

aux frères ou aux prêtres d’être ainsi surpris par une éjaculation<br />

inopinée et de ressentir, de ce fait, une gêne ou une culpabilité à<br />

la seule évocation de ce sujet. Mais ce n’était le cas d’aucun<br />

garçon sain de mon âge, et nous préférions de loin à la douche<br />

froide la chaude caresse de notre main, qui procurait à notre<br />

candelòto le plaisir ressenti tout bébé de la main maternelle.<br />

Quoi qu’il en soit, Ubaldo se gaussa ouvertement de moi<br />

lorsqu’il apprit que mon expérience sexuelle se cantonnait à la<br />

seule pratique de ces jeux nocturnes.<br />

— Quoi ? Tu en es encore à te rebeller contre la mise en<br />

garde des prêtres ? railla-t-il. Ne me dis pas que tu ne t’es<br />

jamais fait une fille, quand même ?<br />

Toujours aussi décontenancé, je répétai, interrogatif :<br />

— La mise en garde des prêtres ?<br />

— Cinq contre un qu’il n’a jamais essayé, lança Doris, sans<br />

l’ombre d’une gêne. Elle ajouta à mon intention : Il faudrait que<br />

tu te trouves une initiatrice, tu vois ? Je veux dire, une copine<br />

complaisante.<br />

Je réfléchis un instant à cette suggestion et répondis :<br />

— Je ne connais aucune fille à qui demander cela. A part toi,<br />

et tu es trop jeune.<br />

Elle leva le menton de mépris et jeta, agacée :<br />

— Je n’ai peut-être pas encore de poils sur mon abricot,<br />

mais j’ai douze ans, et c’est l’âge minimum pour le mariage !<br />

— Je n’ai pas l’intention de me marier, protestai-je.<br />

Seulement de...<br />

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