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au degré royal, n’importe quel autre prince se croit autorisé à se<br />

débarrasser d’un ennui en le rejetant sur moi.<br />

Poliment, nous gardâmes le silence. Un ongle de pied jaillit :<br />

tchac.<br />

L’ostikan Hampig poursuivit :<br />

— Vous débarquez ici à la veille du mariage de mon fils (il<br />

nous indiqua le coupeur d’ongles) alors que j’ai d’innombrables<br />

autres préoccupations : des invités venus de tout le Levant, qui<br />

tentent d’éviter de se faire massacrer en chemin par les<br />

Mamelouks, les festivités de la cérémonie à organiser, sans<br />

compter...<br />

Il énuméra une impressionnante liste de soucis, auxquels il<br />

ne manqua pas d’ajouter, pour conclure, notre propre arrivée.<br />

Son fils se coupa bruyamment un dernier ongle, puis leva les<br />

yeux et dit :<br />

— Attends, père.<br />

Coupé dans son récital, l’ostikan se tourna vers lui :<br />

— Oui, Kagig ?<br />

Kagig se leva de l’endroit où il était assis, mais n’adopta pas<br />

pour autant la station debout. Au lieu de cela, il se mit à<br />

arpenter la pièce, penché en avant, comme pour mieux nous<br />

faire admirer la platitude de l’arrière de son crâne. Il ramassa<br />

quelque chose, et je compris que, pour une obscure raison, il<br />

tenait absolument à récupérer ses ongles éparpillés au sol. Bien<br />

que très absorbé dans cette importante opération, il trouva<br />

malgré tout le temps de glisser à son père, par-dessus son<br />

épaule :<br />

— Ces étrangers ont amené avec eux deux hommes d’Église.<br />

— Je le vois bien, oui ! répondit-il, agacé. Et alors ?<br />

L’un des croissants cornés avait atterri près de mon pied. Je<br />

le récupérai et le tendis à Kagig. Il hocha la tête, apparemment<br />

très satisfait d’avoir recueilli ses rognures, et s’affala aux côtés<br />

de son père sur le daiwan, jetant ses déchets cornés dans le<br />

brasero fumant.<br />

— Voilà, s’exclama-t-il soulagé. Ainsi, aucun sorcier ne<br />

pourra les utiliser pour me jeter un sort !<br />

Ces satanées pelures d’ongles ne semblaient pas<br />

déterminées pour autant à disparaître discrètement : elles<br />

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