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— Les bêtes sont rares, dans ce désert. Pourtant, il en est<br />

une qui possède les caractéristiques de sept animaux différents.<br />

Voulez-vous savoir laquelle, Mirza Marco ?<br />

Je fronçai le sourcil, fis mine de réfléchir intensément avant<br />

de lâcher, comme à regret :<br />

— Je donne ma langue au chat.<br />

Aziz exulta d’un rire triomphant et ouvrit la bouche pour<br />

répondre. Mais son expression se peignit d’une totale<br />

stupéfaction et ses yeux s’agrandirent, imité en cela par mon<br />

père et mon oncle. Narine et moi n’eûmes qu’un demi-tour à<br />

faire sur nous-mêmes pour découvrir ce qui les pétrifiait à ce<br />

point.<br />

Trois hommes bruns, hirsutes, s’étaient matérialisés dans le<br />

brouillard sec de la nuit et nous regardaient par les fentes de<br />

leurs yeux d’un visage inexpressif. Ils étaient vêtus de cuir et de<br />

peaux de bêtes, et non de vêtements arabes. À les voir ainsi<br />

couverts d’une croûte de poussière solidifiée par la transpiration<br />

et à sentir la forte odeur qu’ils diffusaient de là où ils se<br />

trouvaient, il était facile de comprendre qu’ils avaient dû<br />

voyager à pleine vitesse et qu’ils venaient de loin.<br />

— Sain bina, lança mon oncle, le premier à se ressaisir et à<br />

se relever lentement sur ses pieds.<br />

— Mendu, sain bina, répondit l’un des étrangers qui<br />

semblait légèrement surpris lui-même.<br />

Mon père se redressa à son tour, et lui et oncle Matteo<br />

s’inclinèrent en geste de bienvenue, avant de commencer à<br />

parler aux nouveaux venus dans un langage que je ne<br />

comprenais pas. Les trois têtes de loup tirèrent par leurs rênes<br />

leurs chevaux du brouillard où ils se tenaient tapis derrière eux<br />

et les conduisirent à la source. Ils attendirent que leurs bêtes<br />

aient complètement étanché leur soif pour boire à leur tour.<br />

Narine, Aziz et moi nous levâmes du feu, cédant nos places<br />

aux étrangers. Mon père et mon oncle s’assirent avec eux,<br />

sortirent de la nourriture de nos ballots et leur en offrirent tout<br />

en continuant de leur parler, pendant que ceux-ci dévoraient<br />

voracement. Quoique me tenant discrètement à l’écart du<br />

conciliabule, j’étudiai les trois arrivants avec la plus grande<br />

attention. Ils étaient petits et râblés, mais massifs. Leurs visages<br />

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