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totale, il cria :<br />

— Oh, maître Marco, si vous avez la chance de les<br />

apercevoir avant qu’ils vous frappent, vous n’aurez aucun doute<br />

sur leur identité, croyez-moi ! Ayee, bismillah, kheli zahmat<br />

dadam...<br />

Et, des prières plein la bouche, il se livra devant Allah à un<br />

nombre ahurissant de prosternations implorantes, avant de<br />

ramper jusqu’à sa tente.<br />

Lorsque tous mes compagnons furent couchés, je fis le tour<br />

complet de l’oasis, cimeterre en main, scrutant aussi loin que je<br />

le pouvais à travers l’épaisseur noire et brumeuse qui nous<br />

environnait. Cette obscurité était si impénétrable que, ne<br />

pouvant surveiller en même temps toutes les approches<br />

possibles du campement, je décidai de me mettre en faction<br />

près de ma propre tente, à côté de celle d’Aziz. La nuit étant<br />

l’une des plus glaciales de notre voyage, je m’étendis sur le<br />

ventre à l’intérieur de ma tente, sous les couvertures, laissant<br />

juste ma tête dépasser au-dehors. Ou bien Aziz n’était pas<br />

parvenu à trouver le sommeil, ou je l’avais réveillé en<br />

m’installant de la sorte, toujours est-il qu’il sortit lui aussi la tête<br />

et me chuchota :<br />

— Je suis terrifié, Mirza Marco, et j’ai très froid. Pourrais-je<br />

m’endormir près de toi ?<br />

— Il fait froid, c’est vrai, concédai-je. Moi-même, je<br />

frissonne malgré l’épaisseur de mes vêtements sur moi. J’irais<br />

bien nous chercher d’autres couvertures, mais je déteste<br />

déranger les chameaux. Viens avec les tiennes, Aziz. Et puis je<br />

vais défaire ta tente, elle nous servira de couverture<br />

supplémentaire. Si tu restes collé à moi et si nous nous abritons<br />

sous cette pile de tissu, nous devrions nous sentir bien au<br />

chaud.<br />

C’est ce que nous fîmes. Aziz glissa hors de sa tente, tel un<br />

petit triton dénudé, et entra dans la mienne. Très vite, dans le<br />

froid, j’ôtai les piquets de leurs ourlets et jetai sa tente audessus<br />

de la mienne. Puis je me terrai à côté de l’enfant, ne<br />

laissant que ma tête émerger, ainsi que mes deux mains<br />

agrippées au shimshir. Très vite, je cessai de trembler, mais ce<br />

fut pour me sentir bientôt frissonner de l’intérieur, à cause de la<br />

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