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avant de tomber d’accord sur le mot. J’appris ainsi qu’un<br />

marchand, un commerçant, bref toute sorte de vendeur, se dit<br />

khaja ; que les jeunes garçons sont des ashbal, des « jeunes<br />

loups », et que toutes les jeunes filles sont des zaharat, ou<br />

« petites fleurs ». Une pistache se dit fistuk, un chameau est un<br />

shutur, et ainsi de suite. Ces mots de farsi devaient m’être utiles<br />

durant mon voyage vers l’Orient. Ce fut un peu plus tard que<br />

j’appris... les autres.<br />

Nous passâmes par une échoppe où un khaja vendait le<br />

matériel nécessaire à l’écriture, comme de jolis parchemins et<br />

des vélins plus raffinés encore, mais aussi des papiers de qualité<br />

variée, du mince papier de riz d’Inde à celui de lin du Khorasan<br />

en passant par le coûteux parchemin tissu mauresque, ainsi<br />

appelé en raison de son élégance et de sa douceur au toucher.<br />

J’en choisis un qui correspondait à mes moyens, de qualité<br />

intermédiaire mais résistant, et priai le khaja de bien vouloir<br />

me le découper en feuilles assez petites pour pouvoir être<br />

aisément transportées. J’achetai aussi quelques craies pour<br />

pouvoir écrire lorsque je n’aurais pas le temps de préparer la<br />

plume et l’encre. Aussitôt, je me mis en devoir de commencer la<br />

rédaction de mon premier lexique de mots inconnus. Plus tard,<br />

j’y ajouterais les noms des endroits que je traverserais, ceux des<br />

gens que je rencontrerais, ainsi que les incidents qui auraient<br />

lieu, jusqu’à ce qu’en fin de compte ces papiers constituent un<br />

véritable carnet de route de mes voyages et de toutes mes<br />

aventures.<br />

Midi venait de sonner, et, tête nue sous le soleil brûlant, je<br />

commençais à transpirer. Les garçons, qui s’en étaient aperçus,<br />

suggérèrent par gestes en pouffant de rire que, si j’avais si<br />

chaud, c’était à cause de mon accoutrement comique. Ils avaient<br />

l’air de trouver particulièrement drôle le fait que mes jambes<br />

grêles fussent exposées à la vue, quoique enserrées dans mes<br />

bas vénitiens. Je leur répliquai que je trouvais tout aussi risibles<br />

leurs amples et volumineuses robes bouffantes, laissant<br />

entendre qu’elles devaient être encore plus pénibles à porter,<br />

par une telle chaleur. Mais ils contre-attaquèrent, affirmant<br />

qu’elles constituaient au contraire le seul vêtement adapté au<br />

climat. Finalement, désireux de tester nos arguments respectifs,<br />

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